1000 vents, 1000 violoncelles, de Hideko Ise

Ce dimanche, lorsque je passe devant le stand de Nobi Nobi!, difficile de ne pas m’y arrêter. D’abord j’ai été frappé par les couleurs. Au milieu de tant de stands « agressifs » qui flashent et qui pètent, c’est presque un havre de paix, avec des couleurs pastel, ou fraîches, dans les mauve clair, vert tendre et orange vitaminé. Et pourtant, c’est une vraie ruche, où j’aperçois l’illustratrice Ein Lee, terminant les dessins promis aux nombreux visiteurs, et les vendeurs souriants, empressés de répondre aux questions. Les miennes font venir à ma rencontre Pierre-Alain Dufour, co-fondateur avec Olivier Pacciani de cette jeune maison d’édition spécialisée dans les livres pour enfants.

Gentiment, il m’explique que le projet était dès le début de pallier un manque, sur le marché pourtant saturé de l’édition jeunesse : proposer des titres en prise directe avec la culture japonaise, qu’elle soit traditionnelle (contes et légendes) ou moderne (orientée manga). Bref, éditer des livres japonais avec un savoir-faire français. Nobi Nobi! travaille principalement de deux façons : en traduisant des livres déjà parus au Japon, ou en développant de nouveaux titres, avec une équipe d’illustrateurs et auteurs pour certains français, comme Alice Brière-Hacquet, japonais, comme Shiitake ou Hiroshi Funaki, ou chinois, comme Ein Lee. Lorsque je demande à Pierre-Alain de me conseiller un livre pour mon fils de huit ans, il m’oriente vers deux choix possibles : Hôichi – La légende des samouraïs disparus, de Hiroshi Funaki, illustré par Yoshimi Saito, et La maison en petits cubes, que son auteur, Kuino Kato, a directement adapté de son propre film, lauréat en 2008 de l’oscar du meilleur court-métrage d’animation. Ma décision est difficile, mais je tranche lorsque j’aperçois, un peu plus loin, le magnifique 1000 vents, 1000 violoncelles, de Hideko Ise. Mais déjà, tandis que je regarde la belle image de couverture, Pierre-Alain est accaparé par d’autres personnes, qui demandent à leur tour des conseils.

Comment donc en effet résister à 1000 vents, 1000 violoncelles, moi qui suis si sensible à la musique classique, au point d’avoir choisi un violoncelliste comme signature visuelle de mon blog ! Quelques mots de l’histoire que cela raconte : un petit garçon, qui s’essaie avec difficulté à apprendre le violoncelle, fait la connaissance d’une petite fille qui vient au même cours que lui, et qui joue très bien, mais avec une sorte d’agressivité dans le son, qui attise sa curiosité. Très vite, ils sympathisent et elle l’emmène au parc voisin, où ils jouent ensemble. Elle lui raconte son histoire par bribes, et c’est la rencontre avec un troisième personnage, un vieil homme qui joue également du violoncelle, qui livre la clé du mystère : la petite fille et le vieil homme sont des rescapés du séisme de Kobé, qui causa en 1995 plus de 6.000 décès et d’innombrables sans abris. 1000 vents, 1000 violoncelles, c’est donc l’histoire vraie d’un concert qui rassembla des centaines de violoncellistes pour un concert hommage aux victimes du tremblement de terre.

Ce qui est immédiatement séduisant dans ce livre, c’est le dessin : croquis rehaussés d’aquarelle, un peu à la Sempé, mais avec un style très moderne, qui dégage une vibration et un dynamisme rendant visible le geste des violoncellistes, jeunes ou moins jeunes. L’auteur, Hideko Ise, est visiblement impliquée à fond dans son ouvrage, dessinatrice et elle-même violoncelliste de haut niveau, elle a également illustré à sa manière le récit Goshu le violoncelliste, de Kenji Miyazawa, dont Isao Takahata tira son fameux film. Evidemment, ce récit rappelle douloureusement que le séisme de 2011 n’est pas isolé dans l’histoire du Japon, habitué à panser ses plaies après les déchaînements de la nature – hélas accentués par l’activité des hommes. Touche d’espoir racontée avec poésie, 1000 vents, 1000 violoncelles est un livre que j’ai offert à mon petit garçon, pour lui apprendre ce qui s’est passé là-bas, mais j’ai moi-même passé un bon moment à en tourner les pages.

This entry was posted in livres, manga and tagged , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

4 Responses to 1000 vents, 1000 violoncelles, de Hideko Ise

  1. Mackie says:

    (oui je sais, je publie chaque jour, mais rassurez-vous, demain je pars en vacances – donc ça va se calmer)

  2. Pingback: Les interviews du newbie : Pierre-Alain Dufour, de nobi nobi ! | Les chroniques d'un newbie

  3. Pingback: Noël en quatrième vitesse : si jeune et déjà poney | Les chroniques d'un newbie

  4. LMC says:

    J’ajoute 1000 vents, 1000 violoncelles à ma liste de lecture, les dessins sont juste fantastiques !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>