Harry, c’est fini (et dire que c’était le film de son dernier recours)

Derrière ce titre au calembour tellement tiré par les cheveux, que ce serait un miracle s’il en faisait sourire un seul parmi vous, se cachent mes impressions approximatives sur la fin finale enfin finie de l’unique saga cinématographique qui mérite réellement le qualificatif de magique: en effet, trouvez-moi une seule autre saga qui aura nécessité de tourner huit films pour réaliser sept épisodes ? C’est pas de la magie, ça? Ah oui, et j’ai oublié de vous prévenir : c’est le retour de mes billets aux phrases longues. Long, court, long, on dirait la courbe des tendances de la mode, il peut pas se décider une bonne fois pour toutes le newbie? L’autre miracle, évidemment, ce serait d’arrêter les digressions et de revenir au sujet. Oui, bon, d’accord.

Alors c’était bien?

Je pourrais clore tout de suite ce billet par un définitif « mmoui, pas mal« , mais comme ce ne serait pas du jeu, je vais délayer. Généralement, les avis varient en fonction d’éléments souvent extérieurs au film, à savoir : je suis fan (ou pas) de la série, j’ai lu (ou pas) les livres avant, et je cherche (ou pas) à faire des comparaisons, à la place je ne pouvais tout de même pas aller voir Transformers III, etc… Mais une fois mis de côté tous les a priori potentiels, et il y en a des tonnes, est-ce que, oui ou non, on peut parler de Harry Potter et les Reliques de la Mort deuxième partie (quel titre !) comme d’un film de cinéma? En fait, oui, à condition d’aimer les films de genre, comme les westerns, le space opera et les teenage movies, et au moins pour les deux premiers genres, je suis client.

La première partie de Harry Potter et les Reliques de la Mort avait, en dépit de ses côtés agaçants, tenté un renouvellement de la saga en flirtant avec le film d’auteur : longues scènes introspectives sans magie ni dialogue, symbolisme appuyé, décors crépusculaires, acteurs dépressifs, etc… L’idée était de souligner la solitude des personnages et les doutes qui les taraudaient, mais au passage on y perdait une bonne partie de ce qui faisait le charme des films précédents, même les moins réussis : le merveilleux, l’action et l’humour. Malgré leurs défauts, les films 1 à 6 ne laissaient pas le temps de s’ennuyer.

C'est toujours sympa de rentrer chez soi.

 La seconde partie marque un retour bienvenu à cette veine. En dépit de plusieurs moments psychologiques, et de quelques baisses de tension, pour cause d’explications un tantinet laborieuses, le dernier film reprend les ingrédients qui faisaient les bonnes vieilles recettes : créatures magiques (surtout au début : les scènes avec les gobelins, et la très chouette scène du dragon), humour potache (les réflexions de Ron Weasley), décors gothiques (le retour à Poudlard) et la galerie des personnages secondaires. Curieusement, la scène que j’ai trouvée la plus chargée d’émotion n’est pas celle du combat final, et n’implique pas directement Potter, ni ses amis : il s’agit d’une scène où, ah oui, zut, spoil, faiche les spoils! enfin bref, Alan Rickman domine la distribution depuis le début de la série. Je me demande même si on n’aurait pas dû changer le titre pour « Severus Rogue et les Reliques de la Mort« … En revanche, si je trouve que Rupert Grint (qui ressemble à un de mes cousins, mais tout le monde s’en fout) et Emma Watson sont de plus en plus crédibles (juste dommage qu’il faille attendre la fin pour cela), j’ai eu l’impression que Daniel Ratcliffe semblait de moins en moins concerné, pour ne pas dire carrément absent. Et du coup, j’ai trouvé que pour compenser il avait l’air de surjouer les scènes psychologiques, comme s’il était perdu sans sa baguette à la main.  Je dis bien : sa baguette. Rôôôô.

Bon. On la refait. Sois plus à ce que tu fais, Daniel, steplaît.

Marketing et fan-service 

Retour aux fondamentaux, mais également aux grosses ficelles marketing. D’abord, j’ai dit niet quand la vendeuse du cinéma m’a proposé la séance en 3D, ceux qui ont déjà passé deux heures avec les lourdes lunettes pas forcément très propres et super inconfortables comprendront. Mais même sans ça, j’ai surpris d’étranges effets visuels dans certains décors d’arrière-plan : des contours bleu-jaune, un peu cracra, comme si on avait mal gommé la surimpression relief. Bon, broutilles que cela.

Plus gênant, j’ai relevé plusieurs détails révélateurs qui doivent plus à l’intervention d’un directeur de marketing qu’à celle d’un scénariste ou d’un metteur en scène. Cela commence avec la scène de la banque Gringotts, lorsqu’il faut prendre des wagonnets sur rails pour accéder aux coffres. Bien sûr, c’était déjà visible dans les épisodes précédents, mais pas avec une telle débauche d’effets visuels, dignes d’un Indiana Jones et le Temple Maudit, et il m’est impossible de croire qu’il n’y a pas là une énorme incitation à visiter les attractions du parc à thème Harry Potter d’Orlando, Floride. Ce n’est plus vraiment du cinéma, mais du Space Mountain.

Pareillement, les scènes de combat à la baguette magique ressemblent, selon l’inspiration, à des duels de western ou de Star Wars, avec de grands arcs de rayons verts ou rouges, comme les sabres-lasers des Jedi ou des Sith. On me signalera que les principaux sorts jetés sont des « Aveda Kedabra« , et qu’ils ont toujours été ainsi dans les films précédents, n’empêche que je me marrais plus avec les sorts de métamorphose, de réduction, d’apparition et autres invocations, alors que là, les baguettes magiques ne sont plus que des armes pour duellistes. Là aussi, donc, impossible de ne pas penser aux jeux vidéos de la franchise, et aux baguettes jouets que l’ont peut trouver à Carrouf ou à la Fnuc, si ce n’est pas du merchandising je n’y comprends rien. Oh, notez que le merchandising ne me gêne pas en soi, c’est de bonne guerre, et le show business n’est rien d’autre qu’un business, croire le contraire est de la naïveté. Le problème, c’est quand il influence directement la mise en scène.

Et maintenant, Luke... tu vas mourir!!

Enfin, le fan service a également fait son apparition de façon directe et sans vergogne, avec des modifications de scénario, certes pas fondamentales, mais tout de même significatives. J’en veux pour preuve la déclaration d’amour totalement décalée et incongrue de Neville pour Luna, absente du roman, et même niée par J.K. Rowling, lorsque des fans l’interrogeaient à ce sujet en convention. Voir Neville proclamer son inclination du coeur, en pleine bataille avec des morts de surcroît, est au mieux ridicule, au pire cynique, et ce gros clin d’oeil à certains fans hardcore qui réclamaient cette liaison à corps et à cri ne m’a pas paru du meilleur goût.

M’enfin, tout cela n’est pas vraiment surprenant, et je dois rétablir une certaine vérité : même quand il s’agit de critiquer je ne boude pas mon plaisir, de toutes façons je n’ai jamais attendu plus des films que des romans, et réciproquement d’ailleurs. L’univers lui-même, ses personnages, des plus attachants aux plus tête-à-claque, m’a toujours séduit, et râler fait partie du plaisir. Du grand cinéma? Au fond je m’en fous. Je laisse la question aux vrais cinéphiles. Pour ma part, je mets mes 29 € de côté pour le dernier DVD à paraître en fin d’année. Noël, c’est aussi l’occasion des cadeaux honteux. Autant se les offrir soi-même.

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3 Responses to Harry, c’est fini (et dire que c’était le film de son dernier recours)

  1. Gemini says:

    J’ai un rapport difficile avec les films de Harry Potter.

    Primo, je n’ai vu que ceux adaptés des romans que j’ai lu. A savoir les 4 premiers, puisque j’avais enchainé les romans et qu’à l’époque seuls ceux-là étaient sortis (même en anglais) ; je n’ai jamais pensé à m’y remettre, alors que nous avons tous les volumes à la maison dans la mesure où ma mère est fan. A chaque fois, j’avais évidemment des reproches à faire, des modifications qui me déplaisaient ; là, j’ai revu le troisième opus hier, mon préféré en raison de la direction artistique plus typée (qui a d’ailleurs valu au réalisateur de se faire renvoyer), mais j’ai vraiment trouvé dommage d’enlever toutes les explications sur la Carte du Maraudeur, les Animagus, et les surnoms des quatre amis…

    Ce qui m’a poussé à arrêter de regarder les films, ce n’est pas tant parce que je n’avais pas lu la suite, mais bien parce que je considère La Coupe de Feu comme un désastre. A mon sens, la meilleure scène – celle qui permettait au roman de finir sur un climax intense – a été enlevée pour l’adaptation, tandis que des scènes pas nécessairement utiles mais spectaculaires (à la différence de celle que je préfère qui consiste en un dialogue), comme celles du dragon, ont été rallongées. Le réalisateur a sacrifié la licence sur l’échelle du grand spectacle ; c’était déjà le cas auparavant, mais là, cela se fait véritablement au détriment d’éléments majeurs, et je ne pouvais cautionner ça…

    D’après ma mère et ma soeur, qui ont vu les suites au cinéma, la saga continue dans ce sens, privilégiant l’action et les effets spéciaux impressionnants, trahissant par la même occasion une partie de l’esprit des livres.

    Je pensais ne plus jamais voir un de ces long-métrages, mais j’avoue être curieux, et mes parents possèdent tous les DVD sortis à ce jour, donc je vais peut-être essayer de les regarder malgré mes à priori. Après tout, il n’y a pas de saga cinématographique comme Harry Potter tous les jours ; il serait dommage de les bouder complètement.

    • Mackie says:

      Un jour, faudra bien que tu me dises QUELLE scène estimes-tu avoir été ainsi trahie dans la Coupe de Feu…

      Cela dit, si je comprends ce que tu veux dire, pour moi les livres et les films sont deux choses distinctes, et j’aime les deux pour des raisons différentes, bien que complémentaires.

  2. Gemini says:

    SPOIL !

    La toute dernière scène du livre, celle dans laquelle un groupe se constitue autour de Dumbledore, des Wesley, de Sirius, et de Rogue, lequel révèle son passé de Mangemort, tandis que le ministre de la magie refuse d’entendre raison car propager la nouvelle d’un retour de Valdemarne le mettrait en difficulté et causerait la panique.

    Je trouve cette scène marquante, à la fois forte en révélation et très évocatrice de la psychologie de certains personnages. Un moment fort durant lequel les personnages s’unissent pour un but commun.

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