Les autres titres que je n’ai pas osé donner à cette chronique :
Rahxephon franchit le Mû du son – Le Mû est l’ennemi du bien -
Baston, y a Rahxephon qui son – Dolem, moi non plus -
Vingt ou cent Dolems en concert – Ollin Dolem, il vous en prie
Vous le savez, je suis un fan de base d’Evangelion et d’Eureka Seven. En attendant, un jour peut-être, d’entrer dans l’univers Gundam, j’ai souhaité approfondir mes connaissances ès mécha en abordant un autre succès apparenté au genre, Rahxephon. J’ignore pourquoi, mais j’éprouvais jusque alors une légère réticence à son sujet – un a priori influencé peut-être, par sa réputation de clone de NGE (casserole également traînée par E7). L’achat à bon compte du coffret Dybex Gold dans une solderie a eu raison de cette réserve. A raison d’un DVD par soir, je sors donc d’une semaine de visionnage de Rahxephon, plutôt séduit, mais les neurones en désordre. Car autant vous le dire tout de suite, en dépit de tout ce qui m’a plu – une amorce intéressante, certains personnages vraiment attachants, un 19ème épisode très émouvant – Rahxephon possède un scénario à mon avis trop alambiqué, bourré d’évènements obscurs et de personnages secondaires aux motivations mal définies. Je ne pense pas que mon Q.I. soit à ce point en dessous de la moyenne – sinon, je vous remercie de me laisser mes illusions, mais je trouve tout de même gênant de devoir aller chercher sur internet des explications au sujet de ce que je n’ai pas compris.
Surtout alors qu’habituellement, j’aime bien ne pas tout comprendre. J’aime l’idée qu’une intrigue conserve une part de mystère et de non-dit, propice à titiller l’imagination. J’aime aussi les fins ouvertes. J’aime être baladé, sans que tout soit révélé. Par exemple, j’ai aimé le symbolisme laconique de Tenshi No Tamago, le grand portnawak de FLCL, les mystères poétiques de Haibane Renmei… En revanche, j’aime beaucoup moins quand l’obscurité est provoquée par des problèmes de narration. Il y a quand même une nuance entre laisser planer le mystère volontairement, et juste mal raconter une histoire… Par exemple, si les premiers épisodes proposent un affrontement entre deux puissances antagonistes (Mû contre les humains), l’implication en sous-main de la Fondation Bahbem (une sorte de Seele, pour faire simple) rend difficilement intelligibles les rapports entre les nombreux personnages, et jette un voile d’obscurité sur les motivations des uns et des autres. A trop multiplier les histoires annexes avec complots à la clé, et en oubliant de se concentrer sur les personnages principaux, j’ai fini par franchement ne plus savoir qui faisait quoi ni pourquoi. Et c’est de là, je pense, que naît la tentation de comparer Rahxephon avec Evangelion, à l’avantage de ce dernier.
Et c’est vraiment dommage, car Rahxephon recèle de nombreuses idées qui se suffisaient à elles-mêmes, sans avoir besoin d’en rajouter. L’invention de la civilisation de Mû, avec sa technologie originale et son style visuel particulier, inspiré notamment des mayas, est une de ces bonnes idées. Et j’ai surtout apprécié le principe des Dolems, ces pseudo-mechas d’argile, directement inspirés du mythe juif du Golem (référence que je n’ai pas trouvé citée dans les nombreuses analyses sur la série). Pour ceux qui l’ignorent, le Golem est une créature artificielle en argile ou en métal, animée par une incantation de la Kabbale, inventé selon la légende par un rabbin de Prague, et que de nombreux récits fantastiques font échapper à leur créateur, à l’instar de la créature de Frankenstein (je recommande à ce sujet le fascinant roman gothique de Gustav Meyrink, Le Golem, (édition de poche Garnier-Flammarion). Cette modernisation sous forme de mécha d’un ancien mythe donne un résultat surprenant, et induit un ressort dramatique qui connaît son déchirant apogée lors de l’épisode 19, que j’ai déjà cité comme le meilleur de la série (et celui qui m’a vraiment ému).
En outre, Rahxephon m’a proposé un spectacle de qualité, sur les plans visuel, musical, et émotionnel.
Cela commence par un opening, certes très classique (le héros, les logos, les méchas, les jolies filles, et on a le regard perdu vers la ligne bleue des Vosges, tout ça) mais servi par la très mélodique chanson composée par Yoko Kanno, le genre qu’on fredonne une journée entière sans s’en débarrasser. Tiens allez, y a pas de raison que je sois le seul, alors je vous le mets là :
A chaque annonce d’épisode, la même phrase se répète : « le monde est saturé de sons » … La musique joue un rôle important dans l’intrigue (elle sert même d’arme de destruction : les Dolems s’appellent Fortissimo, Alegretto, Falsetto, etc), et c’est le prétexte à de nombreuses ambiances musicales, surtout au violon et au piano solo, dans des styles qui me rappellent tantôt Debussy ou Ravel, tantôt le jazz – à noter que l’épisode 12 cite brièvement le compositeur Henri Duparc, célèbre pour le nombre très réduit des oeuvres qu’il a laissées (dépressif, il a brûlé l’essentiel de ses compositions, dont un opéra entier !). Sans parler, bien entendu, du recours répété au début de la mélodie des Danses Polovtsiennes, de Borodine, dont j’ai déjà parlé dans mon article sur la musique classique dans l’anime.
Voici la version Rahxephon, titrée, en français dans le texte, « La Maladie du sommeil » :
Et la version d’origine :
Visuellement, j’ai trouvé Rahxephon à mon goût, avec comme je l’ai dit la trouvaille intéressante des Dolems, qui changent des méchas profilés habituels, et même du Xephon lui-même ; les nombreux plans de la cité de Tokyo-Jupiter offrent également des images très spectaculaires. Mais le plus intéressant m’a semblé le rôle du dessin et de la peinture comme élément symbolique, d’abord en tant que moyen pour Ayato de donner corps à ses rêves, et à la quête de son âme-soeur (qui est réellement la fille sur le rocher?), ensuite en tant que métaphore du pouvoir du Dieu Rahxephon, avec l’utilisation récurrente (sur une affiche, sur une publicité dans un autobus…) du tableau surréaliste de Magritte, La Grande Famille (à droite : l’original). Je me suis même demandé si, finalement, la peinture et la couleur n’étaient pas le recours ultime pour qu’Ayato finisse par accorder le monde à sa manière, non
en suivant une partition, mais en traçant son rêve sur une toile, librement… Petit détail qui m’a également mis la puce à l’oreille, le mécha terrien inventé pour lutter contre les Dolems s’appelle Vermillon, qui est une couleur sur la palette.
Enfin, ce qui sauve Rahxephon de l’ennui à cause de son scénario abscons, ce sont les relations entre les personnages, et surtout l’histoire d’amour entre Ayato et Haruka. Si j’ai parfois été agacé par le côté ado amorphe du personnage d’Ayato, son évolution (y compris physique : à la fin de la série, il a… grandi !) vers l’âge adulte est touchante, surtout à travers les yeux d’Haruka. La raison qui empêche celle-ci de lui avouer son amour est expliquée vers la fin, et rend rétrospectivement émouvantes ses réactions lorsqu’elle le regarde, lui parle, tout en s’obligeant à garder ses distances pendant les trois quarts de la série. Ce qui nous offre une belle scène de déclaration, longtemps attendue, très belle dans sa simplicité et son absence d’effets inutiles. Je dois avouer également qu’Haruka fait partie des personnages féminins d’anime que je trouve terriblement séduisantes, non pour sa beauté (elle est jolie sans être inoubliable) mais pour son allure, sa féminité et ses beaux yeux tristes.
Au moment de terminer cette chronique, je m’aperçois de deux choses : 1- j’ai oublié de présenter l’histoire, alors que je le fais d’habitude. Bon tant pis, c’est trop tard et j’ai la flemme. 2- sur toutes les illustrations, pas une seule ne représente le héros (à part sur la jaquette du coffret au début). Eh bien, je décrète unilatéralement que ce n’est pas grave. Probablement que ça m’arrange bien cela démontre, d’une manière inconsciente, ce que j’ai retenu de la série : non pas un anime de méchas de plus parmi d’autres, ni une référence digne de ses illustres concurrents cités plus haut, mais une histoire touchante et inégale, qui aurait mérité un récit moins éparpillé, plus concentré. Et avec un personnage féminin, Hasuka, qui restera parmi mes préférés.
Tu aurais pu garder « Ollin Dolem, il vous en prie », ça m’a bien fait rire ^^
Sinon, RahXephon… Jamais été un grand fan, bien au contraire. Bon début, au moins un Dolem mémorable (fous ta capuche !), et à part ça, je me suis quand même pas mal emmerdé. Dommage, car son créateur Yutaka Izubuchi est un grand monsieur de l’animation ; mais là, franchement, ça ne passe pas.
oui, du coup je suis allé voir ta Maz-fiche, pour le moins expéditive ^^
http://maz.neetwork.net/rahxephon/
Ouah, longue la critique.
Au fond tu as plutôt aimé Rahxephon, mais tu sembles frustré du fait qu’il aurait pu mieux faire et c’est souvent le cas chez nombres d’anime à mon avis.
Etonné que tu ne parles pas de l’ending dans ton article qui est pour moi un des trucs qui rehausse la valeur de l’anime.
Haruka rappelle énormément Misato de EVA, notamment dans sa relation au début étrange avec le héros, n’y-as-tu pas pensé à un moment?
Content que tu ne parles pas de l’histoire dans l’article, c’est quand même certaines révélations et situations qui font la force de l’anime quand on les découvre.
Pour moi Rahxephon est un anime qu’on apprécie aussi après l’avoir vu, en repensant à tous ces évènement et qui laisse une trace certes peut-être moi forte qu’évangelion mais tout aussi indélébile.
Et de tout façon tenir 26 long épisodes prouve que tu apprécies l’anime dans une certaine mesure, et comme tu es un homme de goût c’est donc un anime à voir.
CQFD.
je suis capable de faire plus long hélas (http://chroniques-d-un-newbie.fr/?p=1528). Haruka/Misato? tu tapes dans le mille, même si elles ont des caractères différents. Misato est plus rock’n'roll. Mais je les aime toutes les deux…
En tant que robot anime, RahXephon échoue globalement. Les combats sont mous et manquent de dynamisme, et son trop souvent trop court. Y a quand même de bons moments (ep 19, l’invasion de la base..) mais ils sont trop peu nombreux. Par contre je garde un très bon souvenir de l’affrontement entre les Ayato et Quon divinisés et son animation organique.
Maintenant si ce que tu as préféré dans la série c’est la relation Ayato/Haruka, je ne saurais te recommander d’attendre un petit moment que la série décante dans ta tête puis de te faire le film. Sous ses airs de remontage de la série TV en 2H, il se concentre sur ses deux héros et leur amour et simplifie le reste à fond, à commencer par les relations entre les personnages qui ne sont plus au moins tous cousins par alliance. Et les scènes ajoutées, surtout le prologue et la conclusion, sont vraiment très touchants.
Ho, et je dis ça comme ça, c’est Kyoda Tomoki qui l’a réalisé.
>j’ai fini par franchement ne plus savoir qui faisait quoi ni pourquoi. Et c’est de là,
>je pense, que naît la tentation de comparer Rahxephon avec Evangelion
Ce qui fait qu’on ne peut s’empêcher de comparer Evangelion et RahXephon c’est surtout que 90% des éléments du second trouvent un équivalent dans le premier, plus ou moins repensé ou réinterprété. De là, forcément impossible d’y échapper.
Ah, l’épisode 19… son final, il me restera longtemps…
oui, visuellement l’affrontement des divinités est réussi, très beau design, mais je le trouve assez plat émotionnellement, je n’ai pas accroché à cette scène moins épique qu’esthétique.
le film? ok, je note.
Ho je trouve que cet affrontement a un coté épique. Alors que le monde est en train de disparaitre, deux entités supérieur s’affronte pour avoir le droit de le reconstruire une fois tout fini. Le moment où la famille d’Haruka ou les militaires se font effacer en étant fascinés par ce qui se déroule sous leurs yeux est assez bien vu je trouve.
Le combat prend aussi une autre dimension quand on repense que Quon est la « mère » d’Ayato et que ce dernier a toujours été prévu comme étant le maître d’œuvre de l’Accord. Au fond ne fait-elle pas seulement le guider dans sa tache plutôt que d’essayer de le vaincre ?
La dernière photo que tu mets en valeur est l’instant le plus saisissant du premier épisode, Pourquoi un tel sentiment de perte alors qu’ils se rencontraient pour la première fois ? par la suite je me suis beaucoup plus focalisé sur le personnage d’Haruka que sur le folklore Mulien, et j’ai eu droit à l’une des plus belles histoires qu’il m’ait été donné de voir .
Ensuite , si le personnage d’haruka lorgne du coté de Misato sur certains points , elle ressemble également à Faye Valentine pour ses mimiques qui la rende très expressif et vivante.
Alors certes , comme l’a indiqué Tetho, Rahxephon n’est vraiment pas la panacée en tant que robot animé , mais elle reste l’un de mes animes favoris grâce à cette histoire sentimentale « trans-dimentionnelle » . C’est vraiment touchant de voir ce couple évolué, particuliérement Haruka qui est devenu l’un de mes personnages préféré.
Enfin, c’est assez particulier d’ évoquer Rahxephon en 2012, car l’animé y fait référence. Peut-être aurons nous le privilège d’assister à un moment similaire dans lequel le monde sera inondé de sons et parfaitement accordé.
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Sinon, je propose « Rah Xephon y’a l’téléphon qui son ». Désolé.
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