Zipang, paradoxes et dilemme

Zipang
de Kaiji Kawaguchi
Kodansha, 2001-2009
(série terminée en 43 volumes)
Kana, 2005
(en cours – 36 volumes parus)

L’histoire :
En 2001, le Mirai, un destroyer des Forces Japonaises d’Autodéfense (Jietai) appareille pour participer à une opération de maintien de la paix, dans le cadre d’une force internationale avec la marine américaine. En plein milieu du Pacifique, le navire est pris dans une dépression climatique d’ampleur sans précédent. Et fait extraordinaire, cet orage a pour conséquence d’envoyer le Mirai, et ses 240 hommes d’équipage… 60 ans en arrière, en 1942, près de l’île de Midway, à la veille d’une bataille aéronavale décisive de la 2e Guerre Mondiale…

Avant de réaliser ce qui leur arrive, et de réfléchir au moyen de revenir à leur époque,  les officiers du Mirai se trouvent immédiatement confrontés à une complication : ayant porté assistance à un officier grièvement blessé, dont l’hydravion abattu flottait au raz de l’océan, ils se retrouvent avec à leur bord un membre des services secrets de la marine impériale, chargé d’une mission d’importance stratégique. Que faire de cet homme, dont ils ont sauvé la vie, et qui comprend immédiatement le parti que la marine de 1942 pourrait tirer du Mirai et de son armement sophistiqué? Plus gravement encore, quelle que soit leur action (intervenir ou non dans les opérations de guerre), ne risquent-ils pas de changer irrémédiablement le cours de l’histoire, et d’hypothéquer leur propre existence, en modifiant l’avenir du Japon, et donc du monde?

Ce que j’en pense :
Zipang est un manga hors-normes. Superbement dessiné et mis en scène, possédant une impressionnante galerie de personnages (dont certains ayant réellement existé), racontant une saga aux rebondissements dignes de Monster sur plus de 40 volumes, et posant des questions passionnantes sur l’histoire du Japon, il est nimbé d’une aura sulfureuse, liée aux thèmes nationalistes qu’il véhicule : réflexion sur le rôle d’une armée d’autodéfense dans une constitution pacifiste, remise en question de la défaite du Japon en 1945, occultation  des crimes de guerre de l’armée impériale (Nankin, Bataan, l’unité 731…), nécessité du bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki dans la victoire alliée, etc. De ce fait, Zipang a été souvent taxé de révisionnisme sous-jacent et il est difficile d’en faire abstraction. Étant moi-même passionné d’histoire contemporaine, il fallait que je me fasse ma propre idée.

Zipang raconte comment un navire de guerre de 2001, le Mirai, se retrouve plongé dans le contexte de la guerre du Pacifique, avec des armements et des équipements (missiles, communication, radar, électronique…) lui conférant une puissance de feu imbattable et une quasi invincibilité face aux navires de l’époque. A lui seul, le Mirai peut battre n’importe quelle escadre, et pourvu qu’il prenne parti pour un camp ou pour un autre, il peut complètement changer le cours de la guerre. Cette responsabilité, les officiers du Mirai en ont conscience, et leur première ligne de conduite sera donc de ne pas intervenir. A ce stade, je pense nécessaire de vous les présenter.

Les protagonistes :
Le commandant du Mirai est le capitaine de vaisseau Umezu (à droite sur l’image ci-contre), officier expérimenté et prudent, toujours calme, et dont la principale préoccupation est de protéger ses hommes, qui l’aiment beaucoup (bien qu’ils le surnomment Hiruandon, c’est-à-dire le vieil indécis). Il est imprégné par la doctrine de l’auto-défense, qui veut que le Japon n’intervienne pas de manière offensive dans quelque conflit que ce soit. A plus forte raison dans la situation où se trouve le Mirai au commencement de Zipang…

Son second est le capitaine de frégate Kadomatsu. Intelligent et capable, c’est un meneur d’hommes, mais son caractère impulsif lui fait parfois prendre des décisions lourdes de conséquences. En sauvant la vie de Kusaka au début de l’intrigue, il cause une perturbation du cours de l’histoire irrémédiable. Zipang, dans son entièreté, peut être ramené à un affrontement entre deux hommes, Kadomatsu et Kusaka. Pacifiste, Kadomatsu agit toujours selon une préoccupation majeure : éviter toute perte humaine, autant que faire se peut.

Sous les ordres d’Umezu et de Kadomatsu, les capitaines de corvette Kikuchi et Oguri occupent les fonctions principales à bord du Mirai : l’un est chef canonnier et l’autre chef navigateur. Ils sont les deux meilleurs amis de Kadomatsu, ayant fait ensemble leurs classes à l’école navale.  Mais leurs personnalités sont très différentes : alors qu’Oguri est un type ouvert et sympathique, un peu casse-cou, Kikuchi est un cérébral, fin tacticien mais renfermé. Fortement ébranlé par la prise de conscience de ses responsabilités en temps de guerre, ce dernier va peu à peu s’affirmer, mais vers quelle direction? Parmi les membres de l’équipage, on peut citer Momoi, la seule femme à bord, infirmière avec le grade de lieutenant, sa présence étonnera les soldats du passé. Yanagi est un personnage annexe mais intéressant : simple sous-officier avec le grade de premier maître, il connaît l’histoire de la 2e Guerre Mondiale sur le bouts des doigts, et il est souvent consulté en cas de crise pour savoir ce qui s’est passé dans la véritable « histoire ».

Viennent ensuite les officiers de la marine impériale. Kusaka est l’officier du renseignement de la marine que Kadomatsu sauve de la mort au début. Extrêmement intelligent, mais pétri d’un puissant idéal patriotique, il comprend immédiatement tout le parti qu’il pourrait tirer du Mirai. Ni un belliciste ni un pacifiste, il rêve d’un Japon idéal, qu’il nomme Zipang, ou Zipangu, et dont il pourrait provoquer la naissance en modifiant le cours de l’histoire. Pour cela, il faut stopper la guerre sur un compromis où le Japon ne serait pas perdant, sur un pied d’égalité avec les alliés, et peu importe les moyens mis en œuvre. Le lieutenant Tsuda est un jeune officier qui a servi sous les ordres de Kusaka dans le renseignement, et lui aussi entre en contact avec le Mirai. Profondément troublé par cette découverte, il va jusqu’à envisager le suicide. Officier compétent, mais d’un caractère influençable, il est le jouet d’évènements qui le dépassent. Le capitaine Taki personnalise au contraire l’officier nationaliste et intransigeant. Pour lui, le Mirai est une menace qui empêche, par sa seule existence, la marine impériale d’atteindre ses objectifs. Enfin, l’amiral Yamamoto, bien que personnage historique ayant réellement existé, est un des principaux protagonistes de Zipang. Il est le commandant suprême de la marine impériale. Découvrant très tôt l’existence du Mirai, il cherche à entrer en contact avec lui, afin de connaître ses intentions. Bon politicien, convaincu que le Japon n’aurait jamais dû attaquer les Etats-Unis, il souhaite que l’armée opère un retrait tactique pour resserrer le front et solidifier ses positions, et recherche pour cela l’appui du Mirai. Il devient ami avec le commandant Umezu, qu’il considère comme un égal et dont il apprécie la sagesse.

D’autres personnages historiques réels jouent un rôle important dans Zipang, comme : le général Tojo, premier ministre ultranationaliste, qui a décidé de l’attaque sur Pearl Harbour ; l’amiral Yonai, ancien premier ministre, pro-occidental et présenté dans Zipang comme pacifiste ; le colonel Tsuji, responsable des opérations terrestres sur Guadalcanal, prototype de l’officier supérieur fanatique ; le général américain Vandegrift, chef des troupes de marines à Guadalcanal ; Puyi, empereur chinois de l’état fantoche du Manchukuo ; et encore bien d’autres plus connus encore, mais les citer ici serait un spoiler majeur…

Inspirations :
Zipang est systématiquement comparé au film Nimitz, retour vers l’Enfer, aka The Final Countdown (euh, non, pas le truc de rock FM pourri!) ; effectivement, ce film de 1980 met en scène une situation de départ similaire, à savoir le retour vers le passé (juste avant Pearl Harbour) d’un porte-avions moderne. Ce blockbuster hollywoodien avec Kirk Douglas et Martin Sheen n’a pas la complexité de Zipang, en ce que le questionnement induit se limite à intervenir/ne pas intervenir, mais sans remettre en cause les buts de guerre, les japonais étant forcément les ennemis et donc, les méchants. A mon avis, Zipang doit plutôt être comparé à un autre film, plus ancien (1979), bien moins connu chez nous, mais peut-être plus intéressant (et en l’occurrence, il se trouve que je l’ai vu) : Sengoku Jieitai, titre français : les Guerriers de l’Apocalypse (le titre américain, G.I. Samouraï, est encore plus con). Même principe, des soldats modernes (équipés d’un hélico et d’un tank) se retrouvent transportés dans le passé, et en mesure de modifier le passé. La différence est qu’il ne s’agit pas de la guerre du Pacifique mais des guerres civiles de l’ère Sengoku, plus précisément du conflit qui opposa les célèbres seigneurs de la guerre Shingen Takeda et Uesugi Kenshin. Plus orienté action que psychologie, Sengoku Jieitai propose un dénouement simple : l’histoire étant déjà écrite, toute tentative de la modifier est vouée à l’échec, et les intrus sont des anomalies à effacer.

C’est la même conclusion à laquelle parvient Barjavel, dans son roman le Voyageur imprudent, dans lequel le héros remonte le temps pour assassiner Bonaparte, mais se retrouve finalement « effacé » lui-même en ayant provoqué un paradoxe temporel qui remet sa propre existence en question. Par comparaison, la Machine à explorer le temps, de Wells, ne s’intéresse qu’à l’exploration proprement dite (et plutôt dans le futur que dans le passé), et délaisse complètement la thématique de la modification du passé. Le fait qu’un des personnages de Zipang, le pilote américain Holder, lise le roman de H.G. Wells ne doit donc être vu que comme un clin d’œil, et n’a pas de signification particulière.

Dilemme
Mais Zipang zappe complètement le côté « science-fiction » du voyage temporel qui n’est finalement qu’un prétexte, pour brosser une fresque dont les nombreux personnages sont autant de points de vues différents sur la question de la place du Japon dans le concert des nations. Et c’est là qu’il est passionnant, en abordant frontalement et sans manichéisme des sujets comme le militarisme, le traumatisme de la défaite et de la bombe atomique. Ce serait réducteur de n’y voir qu’un révisionnisme latent, car le mangaka, Kaiji Kawaguchi, se garde bien de les traiter de façon univoque. D’abord, il rappelle que si l’Empire du Soleil Levant s’était lancé dans un expansionnisme militaire, plusieurs conceptions s’opposaient au sein du commandement sur les buts à atteindre et sur les moyens d’y parvenir. Pour simplifier, il y a grosso modo l’armée de terre et ses chefs fanatisés et jusqu’au-boutistes, de l’autre, la marine avec des chefs plus modérés, certains étant même opposés à un affrontement contre les Etats-Unis, comme l’amiral Yamamoto. C’est également un fait historique avéré que certains officiers les plus nationalistes agissaient parfois de leur propre chef, selon la doctrine du gekokujo, ou désobéissance loyale (allant parfois jusqu’à la tentative de coup d’Etat, comme l’incident du 15 mai 1936).

Ensuite, le dilemme auquel sont confrontés les deux principaux personnages, Kadomatsu et Kusaka, n’est pas de faire gagner ou perdre la guerre au Japon, mais d’agir avec des moyens militaires pour épargner des vies et sauvegarder l’avenir du Japon. Kadomatsu et Umezu ont de ce point de vue l’attitude la plus claire, mais aussi la plus délicate: possédant l’arme quasi invincible qu’est le super-destroyer Mirai, il essaient de rester fidèles à leur mission de force d’auto-défense, c’est-à-dire de maintien de la paix et de non-offensive. En face, Kusaka fait figure d’illuminé (ce qui est accentué par la façon dont il est représenté, le regard fixe, rigide, énigmatique, tourné vers un avenir que lui seul voit), avec son rêve d’un Zipangu mythique, finalement pas autre chose qu’une utopie, avec tout le potentiel d’horreur que les utopies sont parfois capables d’inspirer à leurs zélateurs. Le manga ne prend pas parti entre l’un ou l’autre, mais montre comment deux idées opposées finissent par prendre leurs défenseurs en otage…

Car c’est là l’autre leçon que Zipang semble nous donner : quels que soient les choix et les actes qu’accomplissent les protagonistes, le flux historique est si complexe que ni les uns ni les autres ne parviennent à le maîtriser. Par la connaissance des évènements futurs, et par la maîtrise d’une technologie trop supérieure, Kusaka finit par agir comme une sorte de Dieu, ou de messie, guidé par sa vision ; ce qui le rend d’autant plus dangereux, l’enfer étant pavé des meilleures intentions.

Restent que Zipang possède, malgré la complexité de sa trame et l’intelligence de son scénario, des caractéristiques troublantes, des omissions tragiques ou des opinions tellement radicales qu’elles peuvent nous paraître, à nous lecteurs occidentaux, comme gênantes. Pour simplifier, nous avons été habitués à apprendre que le Japon avait une armée de fanatiques cruels et psychopathes, massacrant les populations civiles et les prisonniers de guerre, et qu’il a reçu la bombe atomique en légitime punition de ses crimes. Point. Zipang dérange parce qu’il montre non seulement des soldats, mais des êtres humains, avec leurs certitudes mais aussi leurs doutes, et leurs peurs, et le Mirai est finalement un révélateur de la complexité du conflit. Parce qu’il dévoile certains pans de la mentalité japonaise, de ses angoisses, et qu’il reflète grâce à une fiction uchronique les débats qui ont ont lieu dans l’opinion japonaise d’aujourd’hui, Zipang m’a passionné.

Je m’aperçois que j’ai déjà fait assez long, et je n’ai même pas parlé du dessin. Tant pis, j’ajouterai juste qu’il est à la fois très réaliste et très cinématographique, bluffant de précision dans les détails et d’une redoutable efficacité dans les scènes d’action. La manière, par exemple, dont il suspend le temps au moment où les missiles sont sur le point de toucher leur cible…

Bref, Zipang est une œuvre riche et intéressante, pas aussi émouvante qu’Opération mort, de Mizuki, mais à lire absolument, pour peu que l’on s’intéresse à l’histoire du Japon.

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11 Responses to Zipang, paradoxes et dilemme

  1. Mackie says:

    Les titres que je n’ai pas osé donner à cette chronique :
    Zipang et puis j’oublie – Zipang devant ma glace chaque matin en me rasant

  2. Thôt says:

    D’accord quand à la complexité de l’intrigue et en général sur la chronique, mais deux point qui me semblent manquer :

    -la longueur de ce manga (on sent que l’auteur a du mal à prévoir longtemps à l’avance et à constituer un scénario fluide et dynamique), on est quasiment à du jour par jour, pour éviter d’oublier quelque chose, ça finit par être très lassant.
    -Les « oublis » clairement volontaires vu la culture historique de l’auteur sur les actes de guerre japonais. On a un peu l’impression que l’invasion de la Corée puis de la Chine, les combats contre les américains, se sont déroulés de façon honorable et presque dans la bonne humeur.
    L’armée japonaise a commis des massacres, forcé des déplacements de populations, affamé, surexploité, etc… C’est un fait, que Kaiji Kawaguchi évite d’aborder, il insiste juste sur le côté fanatisé de l’armée de Terre. C’est franchement hypocrite, et au-delà du simple « gênant », comme tu dis. Quand il y a des escales, on sent qu’on est en guerre, mais pas que le Japon est en train de vider totalement les pays annexés de leurs ressources.

    Moi j’ai pas trouvé l’histoire assez prenante pour dépasser ce sentiment d’une volonté proche du négationnisme et les multiples longueurs du récit…
    Et pourtant j’ai essayé plusieurs fois, j’adore les voyage dans le temps et les uchronies.

    • Mackie says:

      pour aller dans ton sens, j’ai trouvé que le passage sur le Manchukuo était franchement surréaliste. j’aurais dû le préciser dans ma chronique. dans le manga, on a l’impression que l’occupation de la Mandchourie s’est faite de façon idéale, avec la création d’un état multiculturel, où chinois, mandchous, japonais et russes vivent dans l’harmonie. seule la rivalité entre l’armée mandchoue et l’armée du Kanto ramène à la réalité.
      après, sur les crimes de guerre, il n’en est pas question, mais c’est presque cela qui est intéressant. cela renvoie à une réalité, le fait que l’opinion japonaise reste très ambigüe sur ces sujets. Kawaguchi ne les nie pas (il les cite, notamment Nankin, dans la chronologie en postface) mais il n’en fait pas un élément de l’intrigue. Enfin, il reste centré sur la marine, qui certes a commis des exactions, mais moins que l’armée de terre et la kampetai.

  3. Bidib says:

    Très bon article, comme toujours. ça donne envie de lire la série, même si 43 volumes… ça fait beaucoup !

    Il y a un point sur lequel je voudrais revenir. Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris tes propos. Au moment ou tu dis que certaines points du manga peuvent choquer le lecteur occidental parce que (je caricaturise) nous avons appris que les japonais, pendant la 2ème guerre mondiale, étaient les méchants. C’est pas faut. Mais, même si on est un peu plus large d’esprit que ça, les crimes commis de part et d’autres ont tout de même été commis. Évidement que tous les soldats japonais n’étaient pas des machines à tuer sanguinaires et que même en tout état de cause on ne peut pas résumer toute cette période entre « le bien d’un côté et le mal de l’autre », comme malheureusement les films américains on trop tendance à le faire. Mais de là à nier l’existence de crimes commis par l’armée impériale, c’est pas justifiable.

    Heu… je suis pas sûre de m’exprimer clairement, là. Pour résumer, je n’ai pas compris si Zipang défend une idéologie nationaliste et négationniste, ou s’il expose les différents points de vue de façon impartiale, y compris celui des nationalistes. Voilà.

    • Mackie says:

      je me suis peut-être mal exprimé aussi… je dirais qu’avant de jeter la pierre à Zipang, faut regarder aussi comment on voit les japonais de l’époque dans le camp allié. Je suis lecteur de Buck Danny, dont les « je vais te faire passer le goût du saké, face de citron » sont légendaires.
      pour moi Zipang n’est pas négationniste, ni révisionniste dans un sens intentionnel, il ne considère pas qu’entre belligérants américains ou japonais il y ait un camp de bons et l’autre de méchants, et vice-versa.
      le point gênant est la manière dont il s’abstient d’évoquer les crimes de guerres de l’armée japonaise, alors même qu’il évoque les bombardements alliés sur le Japon. bombardements, que plusieurs personnages vont même jusqu’à estimer nécessaires, puisque ce serait à travers les épreuves que le Japon s’est relevé encore plus fort, et sans la défaite, pas de reconstruction, ni de prospérité économique…
      d’un autre côté, ce qu’il met en avant c’est la motivation de héros comme Kadomatsu pour éviter les morts inutiles. on voit ainsi le Mirai participer à des évacuations de soldatsdans des endroits où des milliers d’entre eux sont morts (à Guadalcanal, aux Aléoutiennes…)
      de toutes façons, Zipang est complexe, et ne peut se réduire à un débat révisionniste/pas révisionniste (intéressant au demeurant).

  4. inico says:

    Excellent looong article :)
    J’avoue cependant que vu la loooongueur du manga, à moins que ma bibliothèque ne l’ajoute à ses rayons, je ne suis pas assez intéressé pour me lancer dans son achat/lecture.
    Mais je suis assez intrigué pour tenter le dérivé en animé, qui je pense risque fort de bien mal transposer à l’écran ce qu’il est possible de lire en manga.

    Du même auteur, j’ai lu Eagle, traçant le parcours électoral d’un candidat aux origines Japonaises à la présidence américaine (!!) , qui lui aussi était assez ambiguë.
    Kaiji Kawaguchi semble bien être un auteur qui apprécie amener le lecteur à la réflexion politique, quitte à se faire taxer (à tort ou à raison) de différents noms d’oiseaux pas forcément agréables, comme révisionniste ou ultra-nationaliste.

  5. inico says:

    En lisant un article du récent cahier Les collections de la revue l’Histoire, intitulé L’Empire Américain – Du Big Stick au Soft Power, j’ai repensé à ton billet.

    Au fait qu’on reparle facilement des crimes de guerre du Japon pendant la seconde Guerre Mondiale, ou la Guerre du Pacifique pour être plus précis.
    On a pourtant aussi eu droit – joie de la guerre – a son lot de trauma côté Japonais.
    L’article détaille le fait que la Guerre du Pacifique ait pu être pour les Américains essentiellement raciale, menée contre des adversaires Japonais diabolisés. Ce qui apparaitrait dans les films de propagande de Frank Capra (Why we fight).
    Diabolisation qui donne lieu sur le terrain à des violences particulières, comme des mutilations. Au mois d’Aout 1944, le président Roosevelt reçoit par exemple un coupe papier en os humain, adressé anonymement par un soldat du front pacifique.
    Voir également la délicieuse photo paru dans le Time le 22 Mai 1944, montrant une Américaine avec un trophée de guerre adressé par son fiancé: le crâne d’un soldat Japonais.
    Je m’éloigne bien du sujet de Zipang, j’en suis désolé. Mais peut-être que ce genre d’événement a pu marquer aussi l’imaginaire Japonais (ajouté à la honte de la défaite), de sorte qu’on veuille revenir d’une manière ou d’une autres sur ces terribles événements.
    J’ai pour ma part plutôt gardé un bon souvenir des deux films humanistes qu’a fait Clint Eastwood.

    • Mackie says:

      ce que tu dis n’est pas faux, en ce sens que l’image d’une guerre par un peuple découle de son vécu, des images qui lui sont renvoyées par sa propre propagande ou par la propagande de l’adversaire, du fait qu’elle soit finalement dans le camp vainqueur ou vaincu, du fait aussi qu’elle ait analysé ses responsabilités devant l’histoire ou devant les juges (je rappelle qu’il n’y a pas eu de « Nüremberg » japonais, les membres du haut commandement et l’empereur lui-même ayant échappé aux juges), et bien sûr de sa perception de sa propre place dans l’histoire et dans son espace géographique, etc…

      cela dit, il faut aussi rappeler je pense, que les crimes de l’adversaire ne doivent pas servir à relativiser les crimes commis par son propre camp.

  6. sylvainj says:

    je vais faire une remarque qui n’est ptet pas très pertinente, mais la première couverture m’évoque Corto Maltese :)

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