Comme annoncé, je reviens sur le thème de la musique classique dans l’anime. Déjà, rien qu’avec Evangelion et Gankutsuou, et leurs nombreux extraits d’oeuvres du répertoire classique, il y a de la matière. Or il se trouve que mon article Evangelion : suite pour violoncelle de Bach, par Shinji a, et de loin, suscité le plus d’intérêt parmi les 35 articles du blog. Si j’en crois vos commentaires, et certaines conversations eues sur des chats ou des forums bien connus, Vous êtes nombreux à avoir été marqués par ces musiques. Ne reculant devant aucune concession à l’audimat, je vous propose donc une revue des autres thèmes classiques exploités dans Neon Genesis Evangelion. Contents?
La série possède une musique originale riche et variée, qui fait l’objet de 5 CD plus différentes compilations, dont les quatre volumes de Neon Genesis Evangelion Classical, enregistrés séparément (live ou enregistrements studio sous licence). En tout, seules huit oeuvres sont réellement entendues dans la série et ses « fins », et elles se répartissent dans quatre épisodes :
- le 15ème épisode (suite pour violoncelle de Bach)
- le 24ème épisode (9ème symphonie de Beethoven)
- Death & Rebirth (re-Shinji/Bach, le canon de Pachelbel, concerto pour violoncelle de Dvorak & requiem de Verdi)
- The End of Evangelion (Air de Bach, Messie de Haendel).
Aujourd’hui je me concentrerai sur Beethoven. Rien que sur sa 9ème symphonie, je pourrais parler des heures : c’est de loin une de mes oeuvres préférées.
Scène 1 : Kaworu est assis sur un rocher en forme d’ange. Il chantonne « l’Hymne à la Joie », de Beethoven.
[Kaworu] C’est agréable une chanson.
[Shinji] Hein?
[Kaworu] Ca donne de la joie au coeur. La musique est la plus grande création des Lilin. Qu’est-ce que tu en penses, toi… Shinji Ikari?
Scène 2 : Attaque du 17ème ange, Tabris (pour ne pas spoiler, je n’en dis pas plus…). Toute la scène, jusqu’à son dénouement, est accompagnée par le 4ème mouvement choral de la 9ème symphonie de Beethoven.
Composée trois ans avant sa mort, la 9ème et dernière symphonie de Beethoven est la plus célèbre et la plus monumentale de ses symphonies, grâce à son mouvement final, qui brise toutes les conventions du genre. En effet, pour la première fois dans une symphonie, le chant soliste et choral s’intègre à la construction orchestrale.
Ce 4ème mouvement (ou 4ème partie de la symphonie) est d’une richesse et d’une complexité de structure inégalées. Elle peut s’écouter indépendamment du reste de l’oeuvre, comme une sorte d’opéra ou d’oratorio, avec choeurs et quatre solistes (masculins : ténor, alto, baryton et basse). Le texte est un poème de Schiller, grand poète romantique et ami de Beethoven. Il s’agit de « l’Ode à la Joie« , dont le thème est la paix et la fraternité entre les hommes.
L’oeuvre est devenue immédiatement célèbre, et reste comme un des symphonies les plus appréciées et jouées encore aujourd’hui. Elle a été choisie comme hymne par l’Union Européenne, et figure au générique de nombreux films (notamment Orange Mécanique).
A titre personnel, la 9ème de Beethoven compte énormément pour moi. Je peux l’écouter sans me lasser. Sans parler des nombreuses fois ou je l’ai écoutée en concert, j’en possède de nombreuses versions en disque, ou en DVD. Je ne vais pas citer les bonnes versions existantes, il y en a des flopées. Juste une : j’ai un faible pour celle d’Herbert Blomstedt & la Staatskapelle de Dresde (cf. ci-dessous), que je vous recommande d’autant plus volontiers qu’elle est dispo à tout petit prix (les 9 symphonies, coffret 5CD pour environ 20€, Brilliant Classics). Ecoutez aussi le 2ème mouvement de la 9ème symphonie, c’est presque rock’n'roll, ça déchire !
Pour les puristes, la version officielle d’Evangelion est celle reprise sur le CD Neon Genesis Evangelion Classical Volume 1 – Beethoven, par l’Orchestre Philharmonique de Bruxelles, dirigé par Alexander Rabahri (King Records).
Et comme je suis sympa, le quatrième mouvement en intégralité, dans une version superbe (et libres de droits), celle du Phiharmonia Orchestra sous la direction d’Otto Klemperer (1958, bonne stéréo d’époque). Merci qui?
Merci Mackie !
Comme je l’ai dit précédemment, ce passage fait parti de mes scènes cultes, il est sublimé par l’ode à la joie ce qui donne une atmosphère suffocante où l’incertitude se prolonge et s’intensifie jusqu’au final. Regarder ce passage sans cette musique , et l’on perd un grand pourcentage de son intérêt.
Vous êtes très prolifique au niveau du nombre d’articles écrits, mais c’est vrai qu’il y ‘a de quoi faire avec Eva ou Gankutsuou ( je vais lire votre billet dans la semaine ) et on sent que vous êtes passionné .
La musique est d’autant mieux choisie (c’est la première fois qu’un mouvement entier d’une symphonie, sans coupure, accompagne aussi longtemps une séquence d’anime) qu’elle véhicule un message qui cadre avec l’idéal de sacrifice de Kaworu face à la mort : « Alle Menschen werden Brüder » c’est-à-dire « Tous les hommes seront frères ». Maintenant on peut se demander s’il n’y a pas une part d’ironie : choisir un tel chant quand se profile le plan de complémentarité de l’homme…
La musique classique me manque dans les derniers films Evangelion :’(
Je n’ai pas apprécié autant que je l’aurais dû les scènes de « subasa wo kudasai » et « ano hi wa sayonara » respectivement la Furie de Mari et la récupération de Rei par Shinji.
En effet, dès que je les regarde, je pense immédiatement: « Ahhh s’ils avaient mis du Bach et/ou du Beethoven sur ces scènes ».
Cela aurait été plus puissant, plus Evangelion.
Mais ce n’est que mon avis
en même temps, on peut respirer en pensant que s’ils avaient mis la danse des canards ou un générique des musclés… je m’égare.)
Bach ou Beethoven, oui, pour rester dans la ligne.
De Bach, je verrais bien l’air de la cantate « Ich habe Genug », douce et triste à la fois, une splendeur. http://www.youtube.com/watch?v=rDmmb9DVH_E
De Beethoven, l’ouverture « Egmont », dramatique à souhait, marcherait très bien. Document exceptionnel, à voir absolument : http://www.youtube.com/watch?v=G3346Dq9fXM
Ou alors, le sompteux et très dramatique 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven, déjà souvent utilisé au cinéma : http://www.youtube.com/watch?v=mgHxmAsINDk
Au fait, vous ai-je déjà dit que Bach et Beethoven étaient mes compositeurs préférés (avec Mozart, oeuf corse)? Mais bien des mélodies de Mozart, Schubert, Wagner, Mahler ou Shostakovitch iraient bien également…
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Intéressant comme article, je suis tombé dessus en cherchant la playlist des différentes oeuvres de musiques classique qu’on entend dans l’anime.
Déjà que de base l’anime renferme quelques perles de musiques (celle de Rei au piano par exemple est magnifiquement triste).
« La musique est la plus grande création des Lilin. »
A cette époque là, on s’inspirait de la religion, de Dieu, comme pour la peinture pour peindre/créer les plus belles oeuvres de l’humanité.
J’ai envie que la période des génies est fini, on a fait évolué la musique, on l’a rendue accessible à beaucoup de gens, du coup au lieu d’avoir quelques grands génies, on a d’innombrables petits créateurs.
Spoile (on sait jamais) :
Sinon juste énorme la pause au moment où Shinji tient Kaworu dans ses mains, on entend la musique, on la ressent et clac !
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