Le 24 août, Satoshi Kon décédait prématurément. Il était un des réalisateurs les plus doués, les plus passionnants et les plus originaux d’aujourd’hui. Perfect Blue, Millenium Actress, Tokyo Godfathers, Paranoïa Agent, Paprika, autant d’oeuvres marquantes pour tous ceux qui les ont vues.
Au sujet de Paprika, voici une chronique que je postais sur le forum de Negenerv, en 2008.
L’histoire :
Au sein d’un laboratoire privé, spécialisé en psychothérapie, une équipe de chercheurs met au point une technique révolutionnaire, qui permet de visualiser les rêves, et même d’y entrer pour les modifier. Mais malheureusement un prototype est volé, à des fins malveillantes. Les chercheurs – le vieux directeur, le génie obèse, la psy sérieuse et l’assistant playboy – et un commissaire de police carré comme Lino Ventura, mènent l’enquête – aidés par la jolie Paprika, jeune femme délurée et courageuse dont on ne sait pas si elle appartient au monde du rêve où à celui de la réalité.
Ce que j’en pense :
L’histoire est un prétexte à un spectacle des plus réjouissants, où le rêve prend de plus en plus le pas sur la réalité, livrant un film qui conserve tout du long un ton ironique et léger, même lors des passages qui devraient être les plus graves. Le personnage de Paprika est tellement charmant qu’on n’a qu’une envie, celle de la suivre jusqu’au bout du rêve, en ricochant sur les apparences telle une balle rebondissante, en pénétrant dans les tableaux, dans les affiches de film, et même dans les films, en volant dans le ciel ou en nageant au fond des océans, tenant par la main la troublante petite sirène.
Le film a la légèreté du conte de fée, façon Peter Pan (auquel est rendu un clin d’oeil explicite), l’aspect ludique d’un roman de Georges Perec ou d’Italo Calvino (qui sont des inspirations de l’auteur du scénario, Yasutaka Tsutsui), tout en abordant des thèmes plus freudiens, de culpabilité, de pulsions inconscientes et de désir inassouvi.
Visuellement, c’est un enchantement. une animation d’une fluidité que je n’avais jamais vue (disparus, les saccades et les plans figés), un dessin réaliste et incroyablement créatif, des couleurs chatoyantes et une mise en scène dont la virtuosité n’est jamais gratuite (cf. Ghost In The Shell 2: Innocence) mais toujours au service de l’histoire. les scènes de rêve sont fabuleuses.
Un petit bémol, la fin, que je raconterai pas, car je la trouve un tout petit peu conventionnelle. Mais bon, malgré cela, j’en suis resté baba, et la jolie Paprika emporte tout avec elle, tiens, si je pouvais, je l’inviterais volontiers dans mes rêves….
Pour vous donner une idée, l’opening de Paprika, déjà une merveille…
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J’ai découvert Kon il y a deux/trois semaines par ce film, et j’ai été conquis.
Tellement que j’ai regardé dans la foulée ses autres films (et même plutôt deux fois qu’une dans le cas de Paprika et Millenium Actress..).
Et au niveau de l’image, il y a tellement de détails qui m’ont échappés! Tout est réfléchi, je le réalise en observant les photos, sur la première de ce billet. C’est vraiment riche!
Je ne peux qu’être d’accord… tiens, je vais aller voir ce que tu en as écris sur ton nouveau blog… Bonjour et bienvenue, au passage. Si tu veux te faire connaître, je te recommande de tenter l’inscription sur les réseaux Sama et Nanami, ça prend quelques secondes, plus le temps de te faire valider. Et surtout, c’est l’occasion de lire plein d’autres blogs sur le même sujet !
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