Last Exile – Ginyoku no Fam
série TV terminée en 21 épisodes
réalisation : Koichi Chigira
chara design : Range Murata
mecha design : Makoto Kobayashi
Studio Gonzo, 2011-2012
L’histoire :
Après le retour des humains exilés des colonies spatiales Prester, les nations sont au bord de la guerre totale : d’un côté, la Fédération Ades veut unifier les différents pays par la force, de l’autre, les nations d’exilés se préparent à subir le choc en négociant ou en fourbissant leurs armes. Le royaume de Turan, notamment, croit encore possible un accord de paix avec Ades. Les princesses Liliana et Millia partent ainsi en délégation au devant de l’escadre du président Luscinia Hafez, mais trahies, elles ne doivent la survie qu’à l’intervention inattendue des pirates de l’air, menées par l’audacieuse Fam et sa navigatrice Giselle. Alors que Liliana est enlevée par les agents d’Ades, Millia, Fam et Giselle organisent la résistance avec les moyens du bord, et une bonne dose d’audace et d’inconscience…
Ce que j’en pense :
Je serais d’une extrême mauvaise foi si je ne reconnaissais pas immédiatement que Last Exile – Ginyoku no Fam est un spectacle hautement réjouissant, distrayant et addictif. Preuve en est, qu’étant actuellement à la moitié de la série, soit à la fin de l’épisode 12, je n’ai pas pu m’empêcher de communiquer mon plaisir par le présent billet. Je trouve ça brillant, spectaculaire et beau, à l’instar de mes collègues Gemini (Chapelier fou) et Tetho (Anime-janai). Ceci étant posé, je peux commencer à pinailler sans vergogne.
Ce qui m’a frappé, dès le début, c’est le caractère résolument fan service de Last Exile – Ginyoku no Fam. Le titre nous l’annonce sans ambiguïté : nous allons suivre les exploits d’un personnage fun et charismatique, Fam, et vivre la quasi totalité de l’intrigue à travers son seul point de vue. Et la première scène annonce la couleur : l’héroïne se présente à nos yeux comme une loli écervelée en lingerie et porte-jarretelles… (cf ci-dessous). La suite tempère en apparence cette curieuse impression, puisque les scènes ecchi restent assez peu nombreuses, et finalement assez soft. Il y a même une critique implicite du fan service, lorsque dans l’épisode 5, la jolie Millia se croit obligée de s’habiller en maid pour atteindre un de ses objectifs, et se prend râteau sur râteau. Mais les oreilles et la queue de lapin (ou de chat?) dans les tenues de vols, ce n’est pas du fan service peut-être? Et j’aimerais qu’on m’explique pourquoi le générique commence par nous montrer le trio d’héroïnes Fam, Giselle et Millia à poil, plus ou moins innocemment (le visage embarrassé de Giselle, qui serre son bouquin sur sa poitrine!) si ce n’est pour émoustiller gratuitement.
Le trio est d’ailleurs du pur Range Murata. Lorsque Blue Submarine n°6 et Last Exile restaient très prudes (zéro fan service) et mettaient en avant des intrigues que je trouvais solidement bâties, Last Exile – Ginyoku no Fam est beaucoup plus dans l’air du temps, et il me semble que les auteurs ont délibérément recouru aux recettes faciles qui marchent pour capter l’attention : des personnages féminins kawai (âgées de seize ans mais en paraissant à peine douze), archétypes faciles à reconnaître, déjà vus et archi-vus ailleurs, et de l’action, de l’action, de l’action. Sur ce point, inutile de le nier : j’ai été pris comme un gosse dans le feu des scènes de bataille, et cette fois, la 3D – bien que toujours très identifiable – fonctionne superbement. Léger bémol quand c’est le vespa de Fam et Giselle qui est modélisé : les petites silhouettes des pilotes sont alors étrangement détachées du fond, comme un sprite dans un jeu vidéo d’antan.
Un autre des points forts sur lesquels repose la cohérence de la série, c’est l’univers recréé. C’est avec plaisir que je retrouve le contexte de Last Exile, ce mélange de technologie futuriste et de look rétro, qui s’inspire du 18ème siècle et des années 1930. Avec cette fois, en plus, une profondeur de champ qui vient du déplacement de l’intrigue, du monde de Prester (la colonie spatiale où se déroulait tout Last Exile) vers la planète Terre.
Paradoxalement, dans ce nouvel environnement, les distances semblent bien petites : la rapidité avec laquelle les vanships et les lourds croiseurs passent d’un continent à l’autre est confondante. Par comparaison, le monde de Prester, avec seulement deux nations (Anatoray / Disith) semblait autrement plus étendu, avec le grand stream qui le caractérisait. Mais cela s’explique parce que l’action est concentrée sur une unique région du globe, les pays étant répartis tout autour d’une mer intérieure, appelée le Grand Lac, dont on peut penser qu’il s’agit de la Méditerranée, notamment si on observe que tous les pays utilisent l’alphabet grec. Je me suis amusé à essayer de trouver à quelles nations ils correspondaient : difficile, tant les pistes sont multiples.
- Turan, c’est typiquement un petit pays méditerranéen, avec une jolie capitale en bord de mer, Iglasia, ç-à-d. plus ou moins le mot iglesia, ‘église’ en espagnol. Les seconds noms des princesses Liliana (Merlo) et Millia (Cutrettola) signifient ‘merle’ et ‘bergeronette’ en italien (les oiseaux sont une symbolique omniprésente dans la série). Quant au terme Turan, c’est du persan, il renvoie à un royaume mythique commun à plusieurs cultures d’Asie centrale, de la Turquie au Caucase, et qui pourrait être celui des Scythes (grosso modo, côte nord de la Mer Noire).
- Ades présente les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire un mélange d’inspirations latines et turques (les noms des dirigeants : Fahranaz Augusta, Luscinia Hafez). Lorsque la Fédération Ades attaque Turan, ils se justifient en prétendant que Turan est leur patrie usurpée. Les décors du palais et les uniformes (toques, étoles) ont une allure orientale marquée (voir screenshot ci-dessous).
- Le royaume d’Anatoray (= Anatolie, ou Turquie) ne présente pas non plus de grosses différences, juste le fait que la plupart de ses ressortissants portent des noms anglophones (Sophia Forrester, Alex Rowe, Alister Agrew, etc), et que leur allure (uniformes, insignes) rappellent à la fois l’armée Prussienne et la British Navy.
- Bien plus original est le pays de Glacies, sorte de Sibérie à société matriarcale et gouvernement théocratique, dont l’idole est « la grande déesse ailée » mais les symboles sont chrétiens (nombreuses croix). Les Glaciens (Glaciers? Glacistes?) parlent russe, et après vérification auprès de ma traductrice personnelle, un russe parfait et cohérent (et pas du yaourt) – et même, certaines voix n’ont aucun accent japonais. Par contre, j’ai été étonné de voir sur leurs vanships, des symboles runiques, qui appartiennent en principe à la culture germano-scandinave, et non slave. Et traduction faite (lettre à lettre), ce n’est pas du russe… mais de l’allemand ! Le rocket vanship de Dyan est ainsi nommé le Falke eins, c’est-à-dire Faucon n°1 (voir screenshot ci-dessous).
- Entre ces deux nations en guerre, les pirates du ciel constituent une sorte de confédération anarchiste, constituée de gens de toutes origines, aux noms français (Giselle Collette) ou allemands (Kaiser, Fritz, Heine). Les repaires de pirates portent des noms allemands de légumes : Kartoffel (pomme de terre), Spargel (asperge), Zwiebel (oignon) – à noter qu’à Kartoffel, la spécialité culinaire est le pain de patates. Seuls havres de paix à l’écart des pays en guerre, c’est là que sont concentrées la plupart des scène de vie quotidienne.
Ce mélange de références me plaît car il agit sur moi comme un jeu de pistes, et je m’amuse à appuyer sur « pause » quand je vois apparaître certains détails à l’écran. Et là, j’ai eu une grosse surprise : les concepteurs de Last Exile sont de sacrés potaches ! A l’épisode 2, le texte que présente Millia à son père comme un ordre de mobilisation contre l’invasion d’Ades (voir screenshot ci-dessus) est un brûlot sur… la guerre en Irak ! Il dit textuellement que « l’invasion et l’occupation d’Irak est un des plus grands crimes de l’histoire de l’impérialisme » ayant causé des centaines de milliers de morts et de réfugiés. Simple blague? Ou message subliminal à l’intention des futurs spectateurs occidentaux?
Reste que si tout cela est fort distrayant, je l’admets bien volontiers, ce n’est finalement qu’un habile habillage de scénario, derrière lequel j’ai du mal à retrouver une intrigue aussi complexe que celle de la première série. Ici, le contexte est plus ou moins clair dès le début, et si on excepte les révélations du 11ème épisode, l’action peut se résumer en une succession de batailles épiques, et aux déplacements du trio d’héroïnes d’un endroit à un autre… J’ose encore espérer que des évolutions majeures interviendront dans la seconde partie, mais à ce stade, les personnages sont exactement semblables à ce qu’ils sont dès le début : des archétypes, totalement prévisibles et monolithiques. J’idéalise peut-être, mais dans mon souvenir, le duo Claus & Lavie évoluait quand même beaucoup plus au fil de la série, alors qu’ici, à la moitié de la série, Fam est totalement imperméable au doute, Giselle est une faire-valoir utile lorsqu’il s’agit de monter un plan d’attaque (le reste du temps, elle rougit ou pleurniche), et Millia est rarement plus que décorative (jolies tenues et coiffures). Ce sont finalement les autres personnages qui me séduisent le plus, et j’attends avec impatience de voir comment Liliana, Dio ou Luscinia feront avancer l’histoire.
Ah, j’allais oublier, dernier point fort dont je ne me lasse pas : la chanson d’ouverture, Buddy, est composée et jouée par School Food Punishment, et chantée par Maaya Sakamoto. Dois-je avouer que je ne m’étais pas encore vraiment intéressé à ces artistes, alors que j’étais déjà fan des openings d’Escaflowne et de Rahxephon? Bonne découverte pour moi, donc, et allez, pour finir, le clip officiel (assez kitsch quand même) de la chanson en totalité :
(Pour ceux qui, comme moi il y a peu, ne connaîtraient pas la dame, et l’engouement qu’elle suscite, un compte-rendu récent d’un de ses récitals : Maaya Sakamoto: in the silence 2011 par nyo d’Hourai NEETwork !)
>série TV en cours de diffusion – 24 épisodes prévus
Le 21eme est le dernier.
ah? merci de la correction. dommage, je m’étais préparé à l’idée qu’il y en aurait 3 de plus…
21 + 2 épisodes résumé (avec deux minutes d’animation inédite par épisode en gros) et 1 épisode résumé de la première saison.
Selon les team de raw/fansub le comptage se fait de façon différente (21 ou 24 donc)
Intéressant ces petits hint disséminés ça et là en tout cas.
Y’a de ces hasards des fois ! Tu publies ce billet le jour même où je publie le mien sur la première série ^^.
Je m’étais déjà un peu faite à l’idée que je n’apprécierais sûrement pas autant Ginyoku no Fam, et tu sembles confirmer mes craintes par rapport aux personnages principaux -_-. Cependant, ta petite analyse sur les différents endroits et éléments de la série donne vraiment envie de découvrir comment l’univers original a été étendu. J’essaierai de me mettre en mode « adolescent attardé » pour ne pas tiquer sur les magnifiques vues plongeantes comme sur ta deuxième image :p.
oui j’ai vu ça. je vois que tu t’attaches bcp aux personnages ; je comprends, et c’est vrai que dans LE GnF, je suis un peu sur ma faim. disons que nos billets se complètent
J’attends de comparer deux scènes de dogfight pour voir les progrès de Gonzo grâce à un test comparatif.
En attendant, c’est toujours un plaisir de retrouver Murata aux commandes !
là, je pense que c’est kif-kif. dans LE1, ce qui pêchait c’était la 3D. trop floue, trop artificielle… ici, la 3D est mieux intégrée, permettant des scènes aériennes d’ensemble splendides, mais aussi… plus raides, je dirais qu’elles sont mieux réussies dans les vues élargies que dans les gros plans. la faute à ce que j’appelle l’effet « sprite » des personnages, qui sont inclus dans la modélisation 3D, et ça sonne faux. ce qui est dommage, c’est que Dio, pilote exceptionnel, soit sous-exploité. les effets de tirs et d’explosions sont très réussis. de ce côté, le rendu technologique est plus réaliste.
Salut désolé de laisser un commentaire 8 mois plus tard mais j’ai beaucoup aime LE1 et je viens découvrir l’éxistance de LE2… Seulement, j’ai beau fouiller je n’arrive pas à trouver un moyen de me procurer cette deuxième saison. Quelqu’un pourrais m’aider ?
J’ai pus voir quelque minute du première épisode et c’est qu’on retrouve certain code de la première série et je crois que je vais vraiment aimer. Merci d’avance.
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