Pluto, tome 6/8
de Naoki Urasawa, d’après Osamu Tezuka
Kana, 7 janvier 2011
L’histoire :
ça va pas, non? et les spoilers ?
Ce que j’en pense :
Plus encore que Monster, et même que 20th Century Boys, où Naoki Urasawa mettait déjà en scène ses rêves d’enfance, ses révoltes adolescentes et ses doutes d’adultes, Pluto se révèle un authentique manga d’auteur, dans le bon sens du terme : une oeuvre dont plusieurs relectures (là, j’écris à chaud) seront nécessaires pour en apprécier tout le sel. Je ne suis pas tellement en état d’analyser ce que j’ai lu, mais vraiment je me dois de vous donner envie de lire Pluto, si ce n’est pas déjà fait.
Car oui, ce 6ème tome est à ce jour le meilleur de la série, et il m’a fait fait, plus que jamais, penser aux moments les plus forts de 20th Century Boys : notamment la fin du premier cycle, celui de l’affrontement entre Kenji et le « robot géant ». Alors que dans certaines de ses séries précédentes, Urasawa faisait s’étirer un peu trop l’intrigue, préparant soigneusement le lecteur et lui balisant le terrain, ici, il atteint un nouveau stade dans la maîtrise de la narration : la concision et l’ellipse, en laissant plus de marge à l’imagination du lecteur. Les personnages en acquièrent d’autant plus d’épaisseur et d’humanité, ce qui peut paraître paradoxal lorsqu’il s’agit, essentiellement, de robots…
S’agissant de certains rebondissements, et du sort des protagonistes, j’avais espéré qu’il s’écarterait, au moins partiellement, de l’intrigue d’Astroboy. Ce n’est pas le cas : c’est ça le plus fort. Si on a lu Astroboy, on sait comment ça finit, et pourtant…
De celles que je suis actuellement, Pluto est pour moi la meilleure série en cours.
Bakuman, tome 5/11 (en cours)
de Takeshi Obata et Tsugumi Ohba
Kana, 7 janvier 2011
Ce que j’en pense :
Difficile d’évoquer un manga aussi radicalement différent de Pluto, mais je voudrais tout de même en dire un mot, car ce nouveau volume de Bakuman atteint lui aussi, à sa manière, son objectif. Fidèles à leur ligne directrice, les auteurs continuent de nous présenter les dessous et les travers du monde des mangakas et de l’édition, en idéalisant un peu certes, mais sans dissimuler les aspects pas trop reluisants : compétition, audimat, etc… Dans ce volume, Bakuman maintient le cap en introduisant une nouvelle dose d’humour, ce qui rend les personnages un peu moins énervants.
Un point me frustre tout de même de plus en plus, à chaque épisode : on suit pas à pas, les jeunes auteurs, dans les affres de la création, certes, mais on ne voit jamais vraiment les mangas en cours d’écriture. On sait qu’ils conçoivent un shonen à sujet policier, mais jamais autre chose que des bouts de dessins ne nous en sont montrés… Du coup, je ne saisis toujours pas l’essence de l’ambition artistique des deux mangakas en herbe. Ils cherchent quoi? Juste à devenir célèbres? C’est un peu l’impression qui en ressort : le but n’est pas le manga à créer, mais le statut de mangaka. A la limite, peu importe ce qu’on écrit? Si c’est ça, le message des auteurs, alors il est sacrément polémique. Et il expliquerait, en creux, la crise actuelle du manga. Mais je ne suis pas si sûr que ce soit volontaire…
Mais je chipote, ça reste plaisant à lire. Janvier, bonne pioche, pour le moment.
Bakuman a pas mal de gros défauts, selon moi. C’est vrai qu’on ne voit pas les mangas qu’ils écrivent (sauf exception, plus tard dans le récit), mais à la limite ce n’est pas grave.
Ce que je trouve dommage, c’est qu’on ait jamais de retour des lecteurs : la fanbase de Ashurogi Muto est invisible. De plus, les réactions ne sont pas assez exagéré. Perso, dans un mangas de ce genre, j’aimerai que les mecs qui lisent les projets du duo ou de Niizuma, soient complètement soufflées par la lecture de leur chef d’oeuvre. J’imagine des gros plans déformés qui prennent une page avec ce qu’ils pensent. Le problème, c’est que le récit nous raconte l’histoire de l’élite mondiale des mangakas, sans jamais parvenir à nous donner l’impression que leurs mangas sont si exceptionnels que ça.
Et puis franchement, les rebondissements sont assez faiblards. La série a du mal à se renouveler.
A la réflexion je partage ton point de vue sur le premier point. C’est vrai que l’invisibilité du lectorat (à part les fameux sondages) est curieuse.
Je vais moins dans ton sens sur le second point – l’absence de super deformed – là, c’est plus une question de goût. Ou de style : je ne connais que Death Note comme autre manga des mêmes auteurs, mais je n’ai pas l’impression qu’ils en étaient adeptes, non? Mais c’est vrai, par-contre, que les deux apprentis-mangakas personnages sont peu charismatiques.
La force du manga est dans l’exagération, le radical, l’incisif. Je ne parle pas de super deformed, mais j’imaginais davantage un gros plan en très grand angle qui tendrait vers un rendu fisheye. Mais c’était juste une idée comme ça.
Le fait est que la plupart du temps, quand les héros font lire leur oeuvre à leurs éditeurs (le moment cardinal de réalisation de leur art c’est bien quand les autres la lisent), ces scènes sont loupées, trop vite expédiées. Au final, on ne les attends plus, alors que ce devrait être des climax graphiques.
Les personnages eux mêmes sont trop simples, pas assez travaillés. C’est vrai que rapidement on a l’impression que la série s’essoufle, ce qui est dommage car j’avais vraiment accroché aux 20-30 premiers chapitres.
Je n’ai pas lu Pluto donc ne peut rien en dire.
En ce qui concerne Bakuman c’est du grand art, un manga « frais » qu’il est plaisant de voir entre deux shonens bien gras !
Je le recommande fortement !
Pluto est le seul manga distingué à Angoulême cette année. Il reçoit le prix « Intergénérations », qui « récompense une bande dessinée dépassant les catégories d’âge. Il est décerné depuis 2010″.
bon, tant mieux pour Urasawa, mais ça fait un peu lot de consolation, au mieux, non?
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