La fin du monde, avant le lever du jour
(Sekai no Owari to Yoakemae)
d’Inio Asano
Shogakukan, 2008
Made in Kana, 2011
Les histoires :
Des instantanés de la vie de gens ordinaires, à Tokyo ou un peu plus loin. Autant de moments importants, ou pas, où ils s’interrogent sur le sens de leur vie, et parfois changent de direction…
Par ordre d’apparition : des adolescents qui se retrouvent, ou se quittent, sur un pont. Un romancier à la recherche de l’inspiration, tandis qu’une jeune fille veut se suicider devant sa webcam. Deux collégiens amoureux de la même camarade de classe. Un salaryman veuf qui fugue, après avoir dit à son fils glandeur et sa fille amoureuse « qu’il croit en eux ». Une petite vendeuse qui offre son sourire aux habitués de la gare centrale, tandis qu’elle rêve au prince charmant. Une jeune femme seule qui n’aime pas les jours de congé, parce que ça l’oblige à réfléchir sur elle-même. Un branleur qui aimerait avoir l’argent pour acheter un sampler. Une jeune femme qui retrouve une lettre qu’elle s’était écrite à elle-même cinq ans plus tôt. Un mangaka en plein doute qui retourne dans son village participer à une soirée des anciens de son école. Un garçon et une fille qui s’embrassent sur le toit d’un immeuble, au soleil couchant.
Ce que j’en pense :
Ouvrir un manga d’Inio Asano, c’est la garantie de faire de belles nouvelles rencontres, et de se ré-enchanter le temps de quelques pages. Cela peut être parfois magique. Cela tient à deux choses, principalement : des personnages toujours crédibles, souvent bouleversants, et des dessins au style unique, lumineux et précis, d’une beauté parfois à tomber. Solanin avait tout cela, et cela reste une des lectures qui m’ont le plus marqué ces derniers mois.
La fin du monde, avant le lever du jour est un recueil d’histoires courtes, bien dans la manière d’Inio Asano, avec toujours ce soin apporté aux détails qui rendent authentiques et vivantes les histoires pourtant banales de ses héros ordinaires. Ce n’est pas une compilation sans queue ni tête, mais bien un projet de l’auteur, composé d’histoires spécialement écrites, ou d’autres plus anciennes. L’ordre des histoires a son importance. Si on excepte les quatre premières pages couleurs, absolument merveilleuses (j’y reviendrai), la première histoire (« Avant le lever du jour ») et la dernière (« La fin du monde ») fournissent leurs titres à tout le recueil, et en donnent la tonalité générale : optimisme, tendresse, nostalgie, émotion. On y lit cette profession de foi : « ne crois-tu pas que la chance, comme la gentillesse des gens, peuvent parfois être cachées tout près de toi? En tous cas, au lever du jour, on est tous sur la même ligne. Après, le reste ne dépend que de toi.«
Les personnages ont tous, à un moment, une ou plusieurs bonnes raisons de se laisser aller à la dépression. Mais chaque fois, il se passe quelque chose – un hasard, un signe, un regard – qui remet les compteurs à zéro. Cela ne veut pas dire que ce sera pour le meilleur, mais il est donné à chacun la possibilité de sourire, comme par exemple Eiko, championne en la matière.
Il est vrai, que La fin du monde, avant le lever du jour, comme tout recueil de nouvelles, n’est pas génial à chaque page. Certaines histoires sont plus fortes que les autres. Inio Asano l’admet lui-même : dans une postface, il indique que certains récits l’ont plus inspiré que d’autres. Mais il souligne également que ce livre constitue un tout, un projet qui lui tenait à coeur, et en tant que lecteur, je le prends comme tel : beau, sincère et touchant, y compris par ses faiblesses. Les baisses de tension passagères sont d’autant plus vite oubliées que le récit suivant amène des émotions nouvelles, jusqu’à une fin en forme d’apothéose. Les histoires qui m’ont le plus marqué sont les suivantes :
-> Il y a d’abord ces quatre premières pages en couleur, qui n’ont pas de titre, et qui constituent une séquence d’images volées autour d’un pont, où l’on voit deux amoureux se retrouver (le regard triste de la fille peut faire croire qu’ils se quittent?), d’autres passer furtivement à moto, tandis qu’une petite fille se retourne avec espièglerie sur un petit garçon qui rougit jusqu’aux oreilles. Bref, trois fois rien, mais j’ai trouvé ces quatre pages, dix cases, sans paroles, d’une beauté à couper le souffle. Une sorte de haiku en images.
-> Le premier vrai récit, Avant le lever du jour, est aussi déroutant qu’exceptionnel. C’est en moins de trente pages une véritable fresque, où le destin de quelques Tokyoites est sur le point de basculer. Au fond du désespoir, ou au contraire dans la plus grande espérance, chacun va voir l’aube venir comme une nouvelle naissance. Et au sens propre, dans un des cas. La structure de cette histoire est quasiment expérimentale, Inio Asano la qualifie lui-même de « bizarre« . Je vous laisse le plaisir d’en découvrir le fil conducteur, qui n’est pas dénué d’humour, et qui donne même une tonalité ironique à ce récit choral.
-> Dimanche après-midi, 18h30 est un récit en trois parties, ou plutôt, un même récit vu par trois protagonistes différents. Dans une famille où la mère est morte il y a déjà de longues années, le père salaryman et en proie au spleen prononce cette phrase étrange à ses deux enfants avant de partir : « je crois en vous« . Puis il part travailler, mais ne revient pas. Il a disparu. Fugue? Autre chose? Le fils, un glandeur qui se rêvait scénariste, et la fille, en dernière année de lycée, ne savent pas quoi faire. Ils attendent. Les trois chapitres donnent les points de vue du fils, de la fille, et enfin du père. Vivant apparemment comme trois étrangers sous le même toit, ils se trouvent chacun à un tournant de leur vie, et leurs choix – autant que des coïncidences inattendues – vont peut-être tout changer. Cette histoire de près de 70 pages est le « gros morceau » du recueil, et rappelle à qui en douterait qu’Inio Asano sait écrire de vrais scénarios.
-> En comparaison, les 18 pages de Quotidien et déprime d’Eiko à l’imagination débordante peuvent paraître bien légères, mais c’est une bulle de fraîcheur, qui explose avec une note de tristesse. Ce court récit plein d’humour est une chronique de la vie d’une brave fille, seule et au travail peu gratifiant : vendeuse à mi-temps dans un kiosque de gare. Une fille que l’on ne remarquerait pas, si elle n’avait pas ce visage si lumineux, et ce sourire qui fait craquer les habitués mâles (employé de gare, salaryman, otaku…) de la station. Eiko fait des rêves en rose bonbon, voudrait que sa vie soit un shojo, mais combien de temps devra-t-elle attendre le prince charmant?
-> Tokyo est un autre récit doux-amer (qui fait peut-être écho à Alfalfa, une histoire un peu moins réussie qui précède), mettant en scène un mangaka en quasi-déprime. On le suit alors qu’il décide de retrouver ses amis d’enfance, dans une soirée d’anciens de l’école de son village. Il laisse derrière lui Tokyo, ses foules et sa solitude, et redécouvre une partie de ses rêves d’enfant. Cette histoire m’a touché parce qu’elle fait vibrer une corde sensible : la nostalgie. Et si elle traîne peut-être un peu au début, c’est voulu, ainsi que le dit Inio Asano : « le passage dont je suis le plus satisfait est celui où le personnage principal est assis dans le train en ville avec le regard complètement vide… » Mais la fin recèle un moment de pure poésie, avec la redécouverte de la « machine à voyager dans le temps ».
-> Le recueil se termine, bien sûr, par la Fin du monde, où il ne se passe en fait presque rien, mais où le dessin d’Inio Asano frôle le sublime, avec des pages d’une incroyable intensité. Je n’en dis pas plus…
En conclusion :
Finalement, La fin du monde, avant le lever du jour, sans un être un chef d’oeuvre de tous les instants, possède assez de moments de grâce qui séduiront ceux qui n’ont pas encore goûté à l’oeuvre d’Inio Asano. Pour les autres, dont je suis, c’est la confirmation d’un auteur au talent fou, même lorsqu’il partage, comme dans ce texte autobiographique au milieu du manga, ses doutes face aux pannes d’inspiration. Si écrire des histoires courtes est, comme il le dit, une forme de « lâcheté« , je veux bien, moi, continuer à les lire : j’y trouve assez de choses pour me redonner du courage.
P.S : Dommage que la collection Made in Kana ait introduit un changement de format. Quand Solanin paraissait en 15X21, La fin du monde, avant le lever du jour sort en 12X18, sans baisse de prix. Oui, l’objet est beau et le manga de qualité, le public suivra, mais quand même, ce n’est pas très sympa…
Très décu du format… mais je suis fan alors…. on se fou de nous….
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bonjour
je ne connais pas ce manga qui a l air d etre super bien dessiné
il faudrait que je le lise
ca tombe bien je suis en train de reflechir a la fabication d un film type lon metrage post apocalyptique ecologique optimiste
tout le contraire de madmax
si des personnes sont interressée je suis suis interressé por vous montrer mon travail preparatif
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très intéressant et enrichissant !! merci beaucoup à vous!
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