Le bus du temps qui passe

Un bus passe (Bus Hashiru)
de Mizu Sahara
2005 – Kazé, 2001

Les nouvelles qui composent ce recueil sont si ténues, si légères, que je trouve quasiment impossible d’en proposer un résumé. Une série d’histoires courtes et romantiques, mettant en scène des rencontres brèves, parfois des coups de foudre, parfois des rendez-vous manqués… Des instantanés qui ne laissent de traces que dans le coeur de ceux qui les vivent, et dans celui des lecteurs.

Les personnages sont de jeunes adultes, ou des étudiants, ou des collégiens, et Mizu Sahara capte des instants clés de leur vie pour nous les proposer tels quels, bancals et fugaces, ordinaires en apparence seulement. Car alors survient une douce magie, qui nous fait vivre ces instants et nous les rend comme éternels, uniques, irremplaçables. Il y a des larmes, ou des sourires, qui valent que la vie soit vécue. Cette magie, à mon avis, doit énormément à la façon dont Mizu Sahara transfigure le quotidien : la première histoire, où un jeune commercial voit ses pages de contrats s’envoler dans une rafale de vent, puis où une jeune fille « photographie » avec ses doigts un avion qui passe, en est un parfait exemple. Idem avec la troisième histoire, où des mots sont dits, mais ne sont pas entendus, à cause du bruit du moteur du bus qui démarre…

La magie doit beaucoup à ce trait, vivant et lumineux, de la mangaka, qui m’ébahit par la grâce qu’elle donne à ses personnages féminins. Rien de facilement kawai là-dedans : jolies certes, mais bien plus que cela. En ce sens, je trouve que la couverture du recueil est agréable, mais ne possède pas le charme des portraits noir et blanc des planches intérieures. Je me suis déjà habitué à cette façon d’esquisser les visages féminins avec les cinq tomes de My Girl (ah ! mademoiselle Katagiri…), et c’est un vrai plaisir de regarder leurs expressions troublées, surprises, émues…

Une des histoires qui composent Un bus passe se démarque beaucoup des autres : c’est celle qui, au milieu du volume, est entièrement en couleurs, à l’aquarelle, et qui est en fait un conte poético-fantastique. Ce petit récit hors du temps est tellement mignon qu’il pourrait être édité à part, tel quel, pour les enfants qui aiment les belles histoires.

Alors évidemment, il est possible que tout le monde ne soit pas touché par ce seinen, à la limite du shojo, tant il s’y passe peu de choses. C’est aussi, probablement, une question de sensibilité. Il y a chez moi un éternel côté fleur bleue, newbie en somme, capable d’avoir les yeux voilés par une telle lecture. Et si Un bus passe agit sur moi de la sorte, c’est aussi probablement parce que j’y vois comme un prolongement de My girl, un bonus, opportunément édité en même temps que se finissait la série. Je ne le comparerais pas à la petite musique particulière d’Inio Asano (la Fin du monde…), ni à celle de Kan Takahama (Deux expressos), souvent empreintes de sensualité et de nostalgie ; mais plutôt à celle de Fumiyo Kouno (Une longue route), aussi mélancolique mais aussi plus light. De toute façon, si vous avez aimé un de ces recueils, vous pouvez essayer Un bus passe, en souhaitant que vous en ressentirez, là aussi, la mélodie douce et amère.

P.S. : Malgré son format, et un travail d’édition soigné (notamment l’histoire complète en couleurs), Un Bus passe est disponible au prix d’un manga ordinaire. Je l’ai acheté pour 7,95 € prix public. Merci donc à Kazé de ne pas nous faire le coup du tarif « manga d’auteur » .

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One Response to Le bus du temps qui passe

  1. Plumy says:

    Ce titre me faisait de l’oeil à cause de la couverture, j’ai encore plus envie maintenant. Mais je préférais lire « my girl » avant aussi. Rah que de titres à lire >__<;
    Joli post :3

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