Noël en quatrième vitesse : si jeune et déjà poney

(Je m’engage solennellement à ne plus jamais utiliser le mot ‘poney’ dans un de mes titres. Mais il fallait que je fasse au moins une fois, comme tous les autres blogs.)

Vous, je ne sais pas comment vous faites, mais chaque année, Noël m’est un problème : je ne sais jamais quoi offrir à qui. Alors je recours à la solution de facilité, j’offre des livres. Ça tombe bien, les livres sont, avec les disques, à peu près les seules choses où je m’y connais un peu, en tous cas grâce auxquelles j’arrive à faire illusion.

Un livre. Oui, ce truc qui remplace avantageusement le smartphone, car : 1-il ne tombe jamais en panne, 2-il n’a pas besoin de réseau, 3-on peut en avoir plusieurs sans passer pour un maniaque, 4-il ne refile pas vos données perso à la CIA et 5-ni votre maman vexée que vous ne l’avez pas appelée depuis un jour et demi, ni votre plombier qui reporte ses rendez-vous, ni votre petite cousine qui se photographie en duckface ne peuvent s’en servir pour vous harceler. Bref, un livre, le cadeau idéal pour les fêtes.

Coup de bol, j’étais il y a deux semaines au Salon du Livre Jeunesse, à Montreuil ; et traîner trois pleines journées au milieu des stands m’a permis, non seulement d’enregistrer de la matière pour de prochains articles, mais aussi et surtout de consulter et parfois d’acheter des dizaines d’albums illustrés pour nos chères têtes blondes. Vous savez, ces délicieux petits êtres qui, si vous leur offrez autre chose que la dernière console DSPSWiiBoxNextKill3DPlus à 799 Brouzouffs sans TVA ni la batterie, vous enverront télépathiquement un message de mort dans la plus atroce souffrance.

Oui, mais sur quel critère établir ma sélection ? C’est très simple : mes chroniques versant principalement dans la nipponnerie, le cahier des charges est vite défini : je me suis concentré sur les auteurs japonais (d’où le titre de cette chronique, probablement le plus affligeant depuis des mois). Pour des raisons pratiques, exceptionnellement, j’ai indiqué le prix. Où l’on se rend compte que, pour la plupart, ils ne vous mettrons pas sur la paille. Voici donc ma sélection, classée par âge, en commençant par les plus minuscules.

Avec un histoire toute simple se situant à Paris, Un poisson en Avril est pour les plus petits (dès 3 ans), mais les mignonnes lithographies de Sayaka Abe en couleurs sépia sont si jolies qu’on aimerait les encadrer, pour les mettre aux murs de la chambre du petit… D’ailleurs, pas seulement illustratrice, Sayaka Abe vend ses gravures toute l’année à la galerie l’Oeil Ouvert, à Paris – évidemment, ce n’est pas le même prix. Sauf à casser sa tirelire, on se contentera donc, pour le moment, du livre.  Le Buveur d’Encre, 32 pages, 12 €.

La petite Hana a demandé à son papa de lui offrir ce plant de tomates qu’elle a vu à la supérette. Y mettant tout son cœur, elle l’arrose et le soigne, et l’emmène même avec elle en vacances d’été chez sa grand-mère, à la campagne. Replanté dans le jardin de sa mamie, elle espère qu’il donnera… Mais un typhon est annoncé par la météo… Paru en 2012, La fête de la tomate est un des plus beaux albums de Satomi Ichikawa, grâce à ses dessins réalistes et poétiques, mais surtout grâce à une histoire simple et touchante, où l’auteure a mis beaucoup d’elle-même. Dès 5 ans, L’École des Loisirs, 32 pages, 13€.

La Maison aux 100 étages est un vrai bonheur de lecture, original et ludique. Pour accompagner Tôchi, parti escalader la maison aux 100 étages, il faut ouvrir le livre à la verticale, et tourner les doubles pages pour découvrir chaque niveau, habité par une multitude de petits animaux : insectes, grenouilles, souris etc… Avec une mise en page presque BD, les dessins sont kawaï, il y a plein de détails amusants qui font que l’on prend son temps pour tout voir… En bonus, il aide, sans en avoir l’air, à apprendre à compter. Une suite est sortie cette année, sur le même principe : la Maison souterraine aux 100 étages, qui cette fois, nous invite à la rencontre des animaux qui vivent dans des terriers… Picquier Jeunesse, 48 pages, 13 €.

Paru en 2011, Les voisins musiciens est une histoire sans paroles, avec de très beaux dessins de Junko Shibuya, qui évoquent la naissance d’une amitié entre un petit garçon violoniste et une petite fille pianiste. L’originalité de cet album est de remplacer les dialogues et le texte par une représentation graphique des sons, tout en formes et en couleurs, qui flottent et emplissent l’espace entre les deux fenêtres des deux appartements voisins. L’histoire étant vue de l’extérieur, comme si le lecteur était un voisin d’en face (je ne sais pas si je suis très clair, mais lisez-le et vous comprendrez), le résultat est troublant. Le dessin noir et blanc de l’auteure est très mignon, réaliste juste ce qu’il faut, avec une touche de kawaï bienvenue. À partir de 5 ans. Éditions Autrement, 54 pages, 14,50 €.

Miyako de Tokyo est un des albums de la série Viens voir ma ville, qui propose au jeune lecteur un voyage-découverte dans de grandes capitales, comme Madrid, Stockholm ou Delhi, raconté par un enfant. Joliment mise en scène par Princesse Camcam, le texte de Miho Yamada s’appuie sur ces souvenirs d’enfance tokyoïte, et invite à la découverte d’une autre culture, à travers de nombreux aspects typiques. La lecture peut s’accompagner d’une bande son (mélodies de shamisen, bruits d’ambiances) en streaming. Dès 6 ans, 32 pages, ABC Melody, 12 €.

Un manga dans cette sélection? mais oui, mais pas n’importe lequel : Pan’Pan Panda est le 1er paru (le mois dernier) chez cet éditeur connu pour ses beaux albums jeunesse, comme Mille vents, mille violoncelles. Ce 1er tome d’une série de 8 (nobi nobi! annonce un rythme de 4/an) présente les personnages, et leur vie quotidienne dans un immeuble au fil des saisons. L’ambiance particulière, douce et lente, risque de décevoir le lecteur déjà habitué à One Piece ou Fairy Tail. Car ne nous trompons pas : avec des pages 100 % couleur, un sens de lecture occidental et un glossaire des termes ou coutumes japonaises, il plaira aux très jeunes. Ou aux parents, comme moi. Pour les 6/7 ans (ou les 43 ans??), 112 pages, 9,45 €, nobi nobi!

Initier les enfants à l’écriture japonaise ? Pourquoi pas. En fait, je m’en suis rendu compte, ce livre plaît à tous les âges. Et tout le monde a le même réflexe : essayer de reproduire, grâce aux illustrations pleines pages, les hiragana pour écrire son prénom ou son nom !  Sorti en septembre dernier, Hiragana, j’écris le japonais est la traduction d’un livre de Taro Gomi, un des illustrateurs les plus connus et prolifiques au Japon. Picquier Jeunesse, 112 pages, 14,50 €.

Pour terminer, j’ai flashé sur la revue Dada : Hokusai, Hiroshige et les maîtres de l’ukiyo-e. Très bien faite, cette revue à la couverture souple peut être lue dès 6 ans, mais les ados (et les adultes!) y trouveront leur compte. Ce n°180, sorti en février dernier, est richement illustré, et les articles sont passionnants : contexte, techniques et thématiques (l’estampe, le Mont Fuji, les monstres, le japonisme…).  Une rubrique atelier vous initie à l’estampe. Il y a même une ouverture vers le manga, avec des dessins de Tezuka et de Mizuki ! En plus j’adore la couverture ! Et c’est pas cher… Éditions Arola, 52 pages, 7,90 €.

Voilà, il vous reste encore trois jours pour compléter vos achats. Moi c’est fait depuis novembre. Tout arrive. Eh mais : comment vais-je faire l’année prochaine? Euh, des livres, peut-être?

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3 Responses to Noël en quatrième vitesse : si jeune et déjà poney

  1. inico says:

    Sympa cet aperçu de littérature Japonaise spécial Noël. Vu l’âge de la famille, Un poisson en Avril m’aurait semblé un bon choix, mais vu le barbare en culottes courtes, je crains la destruction massive ^^.
    Par contre, tout public le n° de Dada consacré à l’estampe fait très envie. Je vais tenter de rapidement mettre la main dessus.

  2. Gemini says:

    Il est excellent ton titre !

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