Avalon & Assault Girls : Oshii ôte le scénario!

Je vais encore me faire des amis. Cela fait des années qu’on me rebat les oreilles avec Avalon. Que ce serait un chef-d’œuvre, le machin ultime réussissant la gageure de transcender les genres de l’animation et du film live, etc. Mais allez savoir pourquoi, je me suis toujours méfié des critiques dithyrambiques (merci le correcteur automatique, je sais enfin où placer le Y dans ‘dithyrambiques), et ça ne me disait rien. Par exemple, un critique de Mad Movies prétend sans rire qu’Avalon ne se compare qu’à tout Hitchcock, Godard, et Kubrik réunis. Wow. Vous je ne sais pas, mais moi, ça a tendance à me rendre extrêmement méfiant. Pourtant, tout ce que j’ai vu de Mamoru Oshii jusqu’à présent m’a plutôt botté, et parfois enthousiasmé : L’Œuf de l’Ange, Patlabor 1 & 2, Ghost in the Shell & Innocence, Sky Crawlers… Surmontant mon scepticisme, et surtout cédant à l’occasion d’acquérir d’un seul coup les DVD d’Avalon et d’Assault Girls à vil prix, j’ai voulu me faire ma propre idée, et je les ai regardés avant-hier.

Dois-je vous faire le pitch? En fait c’est assez court. À une époque ressemblant à la nôtre, le monde a subi une guerre (ou un cataclysme, ce n’est pas très clair) réduisant la quasi-totalité de l’humanité à la misère et au désœuvrement. Seuls les jeux de réalité virtuelle offrent au peuple l’occasion de s’évader et de se distraire, comme Avalon, une simulation de guerre ultra-réaliste où le joueur doit atteindre des objectifs lui permettant de collecter items et gains financiers. Bref, un MMORPG, sauf que celui-là se joue sur un réseau clandestin auquel le cerveau se connecte directement, et qu’il peut laisser des séquelles irréversibles à ses joueurs. Une jeune femme, Ash, figure parmi les stars de ce jeu, engrangeant des gains énormes lui permettant d’échapper à la misère ordinaire. Elle joue en solo, bien décidée à accéder au mythique niveau caché Special A, à la fois en tant que challenge personnel, mais aussi parce que la plupart de ceux qui y parviennent n’en reviennent jamais…

Tout l’intérêt d’Avalon résiderait, si on en croit les fans, dans l’abolition progressive des frontières entre réalité et monde virtuel. En effet, les niveaux ne se ressemblent pas tous, et par moments le doute s’instaure. Sommes-nous dans le monde réel? ou dans le jeu? Le jeu lui-même n’est-il pas la réalité? C’est même un des fondements de l’intrigue, à travers la quête du fameux niveau Special A, que l’on ne peut atteindre que si on rencontre enfin le ghost, un programme à l’apparence de petite fille – ou d’ange, c’est selon. Le film parsème des indices ça et là pour se faire sa propre opinion, sans que cela soit jamais clairement expliqué. Mais très vite, à force d’abolir les repères, à coup d’images ultra-travaillées (les ciels irréels, les lumières bizarres, le sépia omniprésent…) et à cause d’un décalage permanent dans l’attitude des personnages (entre Stunner ou Murphy, qui surjouent, et le Prêtre, qui est inexpressif, seule Ash m’est finalement apparue crédible), j’ai fini par me désintéresser de l’intrigue, pour me concentrer sur l’atmosphère et le design.

Alors, là, oui, j’ai été assez bluffé. Mais je n’ai pas réussi à me départir d’une permanente impression de déjà vu, avec des plans ou des effets qui m’ont moins fait penser à Matrix (référence pourtant assumée) qu’à d’autres films de science-fiction dépressifs, notamment ceux d’Enki Bilal, comme le très sous-estimé Bunker Palace Hotel : mêmes décors glauques de pays de l’Est à peine sortis de la guerre froide, même mélange de technologie et de vintage – j’ai également pensé à Bienvenue à Gattaca, ou encore aux films de Terry Gilliam, comme Brazil ou L’Armée des 12 Singes. Et finalement, si je mets de côté les scènes de combat (celle du début, surtout, réellement prenante), Avalon ne m’a pas semblé si original que ça.

Reste un atout de taille, son actrice principale. Ash, alias l’inconnue Malgorzata Foremniak, possède un charme sensuel et presque animal, qui réussit à rendre intéressantes les scènes les plus anodines, qui sans elle ne seraient que des longueurs : interminables passages à travers des couloirs sombres, leitmotivs (le tramway, les scènes avec le chien) qui sont bien entendu voulus, et typiques de Mamoru Oshii, mais dont la répétition finit par remplir l’espace de façon systématique. Dans la scène finale (attention, gros spoil), le réalisme du niveau Special A tombe complètement à plat, et seule Ash réussit à la tirer de la banalité. En fait elle pourrait faire n’importe quoi, comme préparer un ragoût de porc au chou et au riz, que je la regarderais sans m’ennuyer. Ah, la scène du ragoût fait partie du film d’ailleurs, ça me revient.

Je passe sur l’enrobage mythologique, ici basé sur la mort du Roi Arthur, ce n’est finalement pas plus intéressant ni signifiant que les symboles chrétiens dans Evangelion. On aurait remplacé ça par Aladin et les 40 voleurs, ou par les 12 travaux d’Hercule, ça aurait été pareil. Quant à l’enrobage musical, il participe assez bien au décorum, mais l’oratorio final ‘Avalon’ (filmé de façon on ne peut plus tristounette, même les spectateurs ont l’air de se faire chier) est d’un académisme affligeant, on dirait du néo-classicisme comme savaient en pondre les compositeurs officiels de l’Union Soviétique sous Staline, beurk. Peut-être la faute des interprètes, la soprano soliste notamment, avec une voix complètement plate, sans émotion. Franchement, je trouve que Kenji Kawai a fait tellement mieux pour les deux Ghost in the Shell, et pour Eden of the East

J’ai l’air sévère, comme ça, mais en fait je n’ai pas détesté Avalon. Je l’ai même regardé sans m’ennuyer, enfin pas trop – mais au final je le trouve quand même pas mal surévalué. Et par comparaison, Avalon peut aisément passer pour un chef-d’œuvre… à côté de son spin-off, Assault Girls.

Allez vite le pitch là aussi : dans un nouveau niveau du jeu Avalon, trois joueuses surarmées s’associent pour traquer des vers des sables, tandis qu’un autre joueur tente de la jouer solo. Et il y a aussi un escargot. C’est tout.

Assault Girls est un truc assez difficile à décrire. Si j’étais méchant, je dirais que c’est un affligeant nanar moche et sans intérêt où il ne se passe rien. C’est bien du Oshii, mais il a semble-t-il abandonné toutes ses intentions dont il a gavé Avalon jusqu’à le rendre quasiment indigeste : Assault Girls est vide, plat et long comme un jour de jeûne. Le film commence d’ailleurs très très mal. Tandis qu’Avalon laissait s’installer assez efficacement l’ambiance, révélant l’intrigue petit-à-petit, Assault Girls débute par un long diaporama commenté par une voix off qui tient un discours pompeux et incompréhensible, soit-disant explicatif et qui dure cinq minutes. Au cinéma, c’est trèèèès long, cinq minutes de blabla avec des images moches. Ensuite, on a un peu d’action (ça castagne des vers géants tout droit sortis de Dune) et d’interminables scènes où il ne se passe RIEN, mais alors quand je dis RIEN, c’est vraiment RIEN. Genre un personnage marche dans le désert. Longtemps. C’est pas Assault Girls, que le film aurait dû s’appeler, mais Errance Escargot. Ah oui parce que dans un moment de lucidité sur l’intérêt de son œuvre, Oshii a filmé un escargot. Parfaite métaphore du rythme et du suspense qui le sous-tendent.

(Je vous jure que l’image ci-dessus est tirée d’Assault Girls.) Si au moins, comme dans Avalon, j’avais pu me raccrocher à l’esthétique… Même pas, le décor se résume à un unique désert froid, et les costumes sont hideux (on dirait du cosplay  mal fait de San Ku Kaï, sur d’aussi jolies filles, si c’est pas malheureux). Au bout d’une demi-heure, j’étais tenté d’éjecter le DVD mais je me suis dit pas possible, il va bien finir par arriver quelque chose, et bien NON. Il n’arrive rien. Mais comment et surtout pourquoi Mamoru Oshii a-t-il pu entreprendre de réaliser ce truc? A ce niveau ça n’a même pas l’excuse d’être conceptuel, c’est juste chiant comme la mort. Je ne pensais pas qu’un film durant à peine 1 heure pouvait donner l’impression d’en durer au moins 2.

Verdict : Avalon, passe encore, mais Assault Girls, aux chiottes. Le coup de grâce? Ne voulant pas rester sur ce néant, j’ai fini la semaine en me re-matant Blade Runner, histoire de me rappeler que la science-fiction à message, quand c’est bien fait, ça peut être génial.

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17 Responses to Avalon & Assault Girls : Oshii ôte le scénario!

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  2. Gemini says:

    Je n’ai pas vu tous les films que tu cites à propos des origines visuelles d’Avalon, donc je ne saurais dire, mais il tient avant tout du Stalker d’Andrei Tarkovski, long-métrage russe de 1979 qui a lui-même eu beaucoup d’influence sur de nombreuses œuvres de SF. Je suppose qu’ils partagent donc cette origine commune.

  3. Lunch says:

    À l’époque où Avalon est sorti, je suis allé le voir au cinéma.
    La plupart des personnes avec qui j’en ai discuté et qui l’ont vu n’ont rien compris, et comme souvent dans ce genre de cas n’ont pas aimé du tout (ou très moyennement pour les plus enthousiastes).
    Personnellement j’avais trouvé ça très bien, mais je t’avoue que je ne l’ai revu qu’une fois depuis, à la sortie du DVD 6 mois plus tard.

    J’ai aimé ces silences et ces moments de « réalité pas plus réelle que le jeu ». Je rapprocherai volontiers cette non vie à Existenz par ailleurs, c’est à dire des réalités parallèles qui n’en sont pas vraiment non plus. Pour moi d’ailleurs, la réalité représente le niveau spécial A et le but du jeu n’est que de revenir à la réalité en somme. Il y avait (ça date dans ma mémoire un peu tout ça) pour moi des signes flagrants : la statique des gens du quotidien (les silhouettes figées dans la rue et le métro), le sang et le réalisme de la dernière scène.
    Et puis j’ai retrouvé dans le final une référence au Seigneur des Anneaux, à Illuvatar et à l’orchestre qui créa les Terres du Milieu. Ce n’est bien entendu qu’une hypothèse farfelue issue de mon esprit imaginatif puisqu’il n’y a jamais eu d’explication, mais j’ai bien aimé cette scène qui donne son nom au film. Et si les notes créaient le monde virtuel ? Loufoque hein… Mais pourquoi pas après tout ?

    • Mackie says:

      j’aime bien ton interprétation, même si je ne la partage pas. pour moi c’est plus comme Matrix : le monde en couleurs est une illusion et le monde réel est celui en sépia. La preuve pour moi est que lorsque (SPOIL) Ash tue Murphy, il se désintègre et « retourne » dans son monde premier, sans laisser de traces.
      d’ailleurs la « vraie » réalité, c’est celle où vit le chien, référence récurrente dans les films d’Oshii.

      • Lunch says:

        C’est pas faux pour le spoil mais… c’est le seul point qui ramène cette réalité moins réelle que les autres au final.
        Je n’ai pas la référence du chien des films d’Oshii (je te fais confiance, c’est un point important que tu soulignes), c’est juste que le quotidien morne et livide qu’ils présentent me paraît bien trop morne et livide pour être LA réalité.

        • Mackie says:

          le chien (un basset) apparaît dans presque tous les films d’Oshii. Dans Innocence (GITS 2) il rattache Batou à son humanité, car il faut être humain pour aimer un chien. d’ailleurs la scène où il le nourrit est quasiment identique à celle d’Avalon !
          on voit aussi le basset dans Sky Crawlers, etc…

  4. Lunch says:

    Ah, j’oubliais, j’aime bien les musiques moi :)

  5. inico says:

    Difficile de défendre Assault Girl. Je tente…
    C’est un film de pur plaisir pour Oshii. Le maigre budget a d’ailleurs dû passer dans le casting des trois actrices principales. Des trois « babes » principales, devrais-je dire. Car ce n’est quasi que ça : « babes with guns ».
    Encore un thème redondant chez le réalisateur. Il en glisse quelques autres (la religion, les chiens, les oiseaux…) mais il est évident qu’il ne s’agit pas là d’un film à prendre de manière symbolique.
    Il faut le regarder dans un état d’esprit où on croit se sentir dans la psyché d’Oshii, se mettre dans sa peau et l’apprécier comme lui il dû prendre plaisir à le faire.
    De plus, la langue originale du film, comme tu as dû le remarquer, est l’Anglais : on se demande et voyant les actrices jouer si elles comprennent ce qu’elles disent.
    Pour le reste, il ne faut trop se torturer ni même se forcer. Perso, je l’ai regardé en deux fois ^^.

    Quand à Avalon, je l’ai acheté récemment, tout comme toi avec Assault Girls, mais pas encore revu.
    Il y a un aspect bizarre dans les films live d’Oshii. Comme s’il se refusait à filmer le réel. Il prend plaisir à le masquer derrière des effets, comme si c’était trop moche pour lui pour être montré tel quel. C’est beaucoup ce qui m’avait marqué à l’époque. Il y a d’ailleurs constamment une résonance entre ce qu’on voit à l’écran et le récit.
    Encore une fois, il s’agit d’un film à ne pas forcément essayer de décrypter, mais à prendre comme un objet bourré de références et d’imagination là pour happer le spectateur.
    Évidemment, Oshii a des choses à dire. Sur les images, sur ce que nous somme et notre rapport aux machines et pourquoi nous nous efforçons à leur donner plus de pouvoir pour nous-même quitter notre corps. Mais je dois le revoir, ce n’est plus très clair…

    Si tu veux te faire plaisir avec du Oshii, (re)vois Jin-Roh (au scénario mais pas à la réalisation, issu de son univers multimedia Kerberos), la géniale et délirante série d’OAVs Gosenzosama (un jeu permanent avec le spectateur), et pour le Basset, la version longue du clip Je t’Aime. Des (re pour Jin-Roh) qui m’ont personnellement enthousiasmées.

  6. Guillaume says:

    Au delà de toute considération esthétique et formelle, j’ai toujours considéré Avalon comme le ciment liant les deux visages de Oshii : celui qui adapte des licenses à succès et celui qui crée son univers uchronique. En cherchant la facilité, je dirai que Avalon est le liant entre un GITS et la saga Kerberos. La thématique identitaire et dopée à la considération religieuse de l’un plaquée sur le background et les idiomatiques du second. Pour Oshii l’individu est ce qu’est son ame. Le corps importe peu. Et Avalon n’est au final qu’une facette de ceci. A quel moment Ash est elle Ash.

    Ça aurait pu être totalement plat si Oshii n’avait pas fait un (imho) intéressant jeu de miroir sur la perception de réalité. Tout est inversé, dans le visuel certes, mais aussi dans les codes. La vraie vie d’Ash n’est qu’un patern en boucle (monotonie du quotidien), qui attend d’etre brisé par une action spécifique comme dans un jeu video. Et au fur et à mesure que la chair redeviendra réelle, on entre de plus en plus dans le virtuel. Jusqu’à la classe Real, qui porte bien son nom. Ash abandonne son corps, pour être celle qu’elle veut. Et elle obtient l’immortalité factice d’une sorte de refuge hors des choses (Avalon, donc. Voire la mythologie arthurienne). En fait Avalon est largement plus simple à décrypter que la plupart des films d’Oshii.

    C’est vraiment un check point thématique. Apres, les parti pris d’Oshii en terme de mise en scène et narration sont très marqués. Et on peut ne pas crocher. Son approche du média live est clairement particulier. Ses 3 premiers films, liés en direct à la sage Kerberos, sont beaucoup plus compliqués à suivre et parfois assez hermétiques. Longs dialogues, suivis de narration visuelle dense, symbolisme, rappel constant à Tarkovsky et Chris Marker (si vous voulez comprendre Oshii, pas le choix faut voir les films des ces auteurs. Et lire Platon)… du cinéma théâtre étrange, cheap et bien plus proche de Bunker Palace Hotel que Avalon (tu me fais plaisir Mackie à citer le premier film de Bilal)

    J’aurai en fait beaucoup à dire sur Avalon et les films live d’Oshii en général, mais il faudrait que j’ai les idées claires pour organiser ça. Si Avalon n’est pas un chef d’oeuvre ultime (la master piece d’Oshii étant de toute façon Patlabor II), cela reste à mes yeux un film important pour sa filmographie.

  7. ajunta says:

    La pluspart des explications que je lis de fans ou de critique sur ce film partent du postulat que l’un des monde décrits dans le film est la réalité, l’univers que nous connaissons , et que les deux autres sont par conséquents des univers virtuels.

    Dans celui ou vit le chien les gens qui ne sont pas des joueurs ne bougent pas ce qui rappelle volontairement l’univers des MMORPGs ou les personnages non joueurs sont la immobiles attendant qu un joueur interagisse avec eux, (lorsque cela est possible)., le chien, « un familier » couramment appelé ‘pet’ dans les MMORPGs reçoit souvent plus d’attention de la part du joueur qui le possède que les autres joueurs partageant l’univers virtuel.

    Les niveaus d’avalon classe A, B , C etc sont montrés a plusieurs reprises comme des projections plates se déplaceant dans un espace dont on realloue les volumes à loisir et ou les entitées sont téléportées, la aussi l’univers decrit rappelle celui des jeux video celui des First Person Shooters, ou les ‘Donjons’/'battlegrounds’ des MMORPGs décrits plus haut, des mini jeux accessibles uniquement depuis le MMORPG, disputés de manière plus ou moins coopérative/compétitive avec les autres joueurs et contrairement au MMORPG contenant un objectif clair et une ‘FIN’.

    Le spécial A apparait alors plein de couleur et de vie, et colle immédiatement davantage à l’idée qu on se fait de la réalité, et l’on croit enfin tenir le fin mot de l’enigme, on croit enfin voir se mettre en place toutes les pièces du puzzle, mais des details visuels rappellent les deux autres univers, et dans cet univers la tuer ne déclenche pas l’arrivée des autorités et les cadavres disparaissent proprement dans un tourbillon de lumière glauque. DAMNED la non plus ca ne colle pas.

    La logique nous démontre donc que le postulat formulé est nécessairement le maillon faible et qu’il est erroné, et c’est en ça que le film est génial, en plus d’être esthétiquement original, d’aborder des sujets très humains, des émotions et des dilemmes complexes, de faire découvrir dans le lyrisme l’univers des jeux videos sa monotonie et son addictivité, en plus de tout ca, le film aborde une question existentielle profonde, qu’est ce finalement que la réalité, et à quoi la reconnait on, est il seulement possible de savoir pour quelqu’un qui ne connais qu’un nombre fini d’univers si l’un d’entre eux contient les autres que l’on connait si l’un d’entre eux les contient tous connus et inconnus.

    Derrierre cette question toutes les autres grandes question métaphysiques s’éffondrent et n’ont de sens que lorsque l’on à répondu à la question précédente, que suis-je, est ce que dieu existe, qu’est ce que ca signifie finalement exister, ai-je un but, les autres existent ils vraiment….

    Si j’etais né dans la matrice, si j’etais né le cerveau branché sur world of warcraft, alors ce serait ca la réalité pour moi de manière aussi incontestable que la réalité à été jusqu’alors pour vous est moi cet univers dans lequel je tape et vous lisez ce message. Ce que fait le film c’est mettre un coup de couteau à ce postulat sur lequel nous asseyons tous notre compréhension du monde, et bien qu il ne soit pas le premier à aborder le sujet et que la question soit aussi vielle que la philosophie, le film a le mérite presque unique de ne jamais tenter d’y apporter une réponse, et c’est la qu’on reconnait la « patte » oshii, et c’est en cela qu’il est comparable aux autres grands du cinéma, tout est travaillé et pas seulement sur le plan technique et artistique, la morale, la psychologie et la mathaphysique aussi font partie de la réalistion.

    • Mackie says:

      @ inico, Guillaume et ajunta : merci pour vos intéressantes réponses.

      je viens de revoir coup sur coup Ghost in the Shell, Innocence et Sky Crawlers. ce qui est paradoxal, c’est qu’Oshii traite l’animation comme du film live et le film live comme de l’animation… comme s’il cherchait une voie médiane, une nouvelle forme dans l’entredeux. Dans Sky Crawlers et Innocence, par exemple, l’intégration de l’image de synthèse est réussie non parce qu’elle cherche à faire de l’esbrouffe, mais parce qu’elle est utilisée comme un moyen de donner à l’animation une nouvelle dimension, à la fois poétique et symbolique : les personnages, dessinés à l’ancienne, semblent des silhouettes d’autant plus fragiles et sensibles qu’elles sont un peu perdues dans ce décor trop beau ou trop détaillé pour elles. D’un autre côté, l’animation propose un vocabulaire de gestes et d’attitudes qui se rencontre très rarement ailleurs. Cela m’a particulièrement frappé avec Sky Crawlers, où certaines séquences sont bouleversantes d’humanité : la scène du bowling, suivie de celle de l’étreinte avec le pistolet chargé. Par comparaison, et c’est là que j’ai un doute quant à l’efficacité des films live (à moins que ça soit intentionnel chez Oshii) les acteurs sont souvent empruntés, creux, ou au contraire ils surjouent et au final, ne sont pas crédibles à mes yeux. J ne suis pas sûr que cela soit intentionnel car comme je le dis plus haut, il y a un décalage entre la qualité du jeu des acteurs d’Avalon. Bien que très intériorisée, Malgorzata Foremniak est d’une incroyable force émotionnelle, comme peuvent l’être Batu ou Kusanagi (je vous avais dit que c’était paradoxal), alors que les autres acteurs m’ont semblé à la limite de l’amateurisme, pour ne pas dire de la cuistrerie (Murphy et Stunner!).

      Je trouve intéressant aussi de me rappeler qu’Oshii est issu des mouvements étudiants contestataires des années 60/70, et qui se reconnaît fasciné par le basculement de certains contestataires vers le terrorisme. Chaque fois, l’oeuvre d’Oshii montre comment un individu ou un petit groupe d’individus finit par basculer de l’ordre établi (sinon de l’ordre répressif) vers la remise en cause et/ou la subversion. C’est patent dans Patlabor, dans GITS, dans Sky Crawlers… et même dans Avalon, puisque Ash est d’abord une bonne joueuse professionnelle qui s’enrichit et se satisfait de sa situation (mis à part son interrogation sur le sort de Murphy) avant de chercher à passer de l’autre côté du miroir en quête d’une vérité qui lui échappe. Je ne vois pas du tout cette dimension dans Assault Girls, et j’aurais bien aimé du coup le prendre pour son côté « fun », ou « WTF » comme on écrit en langage djeuns, mais je n’y arrive pas. Probablement parce que je n’ai jamais été un gamer.

      Quant à Sky Crawlers, je craignais un peu de le revoir (passé l’effet de révélation finale) mais finalement, il fonctionne toujours aussi bien, et même mieux encore, il se bonifie… c’est d’autant plus troublant de voir se révéler progressivement les êtres à eux-mêmes, en regardant leurs moindres gestes, qui lors d’un premier visionnage paraissent parfois gratuits, mais deviennent la 2eme, fois, lourds de significations et d’émotions. Un grand film, définitivement.

  8. Guillaume says:

    Essai de revoir Assault Girl sous le spectre de la saga Kerberos et l’arc Tachiguishi.

    Pour moi ce n’est qu’une autre vision de la scène où dans Avalon le chien déguste sa gamelle. C’est dans Avalon le seul moment charnel. Là aussi avec les oeufs au plat dévorés goulument. Pour la petite histoire Assault Girl est l’extension de deux courts métrages. Assault Girl : Hinako the kentucky et Assault Girl 2. Et le premier fait partie d’un omnibus de la série Tachiguishi. C’est une obsession de plus dans la film d’Oshii.

    Y’avait il matière à en faire un film ? clairement non. Assault Girl est long, lent, chiant et pas fun du tout. Sous le même format que ces prédécesseurs, ça l’aurait fait. Là, et même en usant de mauvaise foi et défendant le formalisme intéressant du bousin, j’ai du mal à défendre Assault Girl.

  9. Stealth says:

    I watched this movie maybe a few years ago when I still had netflix. It is a good one, but maybe not to watch on repeat. I still like Existenz or Ghost in the Shell much more. I really like your blog, I wish I spoke french.

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