Samidare : le seinen complètement marteau

Samidare – Lucifer and the biscuit hammer (Hoshi no Samidare)
de Satoshi Mizukami
Shonen Gahosha, 2006 (série terminée en 10 volumes)
Ototo, 2012 (trois volumes parus)

Bon alors l’histoire. Imaginez un étudiant asocial et tout mou, Amamiya, qui n’aime rien tant que rester seul et transparent, et qui se réveille un beau matin avec un lézard sur le bide, lequel lui demande benoîtement de sauver le monde, là maintenant, tout de suite, vu qu’il est un chevalier-lézard, qu’il doit protéger la princesse, et que tout cela est parfaitement logique vu que la princesse est sa voisine de palier. Que faites vous? Vous dites Kyaaaaaa ! et vous partez buter les aliens en brandissant une épée magique? Ou bien vous balancez le lézard par la fenêtre pour retourner prendre votre petit-déj’ tranquille? Si vous choisissez la première réponse, passez votre chemin, et allez vous abrutir sur votre shonen préféré, la suite ne vous concerne pas. Si vous choisissez la deuxième, alors vous êtes un individu normal, mais les ennuis vont vraiment commencer…

Coincé entre son lézard stoïque et sentencieux, et sa voisine-princesse qui a les doigts dans la prise, Amamiya le binoclard paresseux n’est pas au bout de ses peines, puisqu’il va devoir affronter des golems (les marionnettes de boue), trouver le moyen de stopper un marteau cosmique en biscuit qui menace la terre, et surtout, pire que tout, faire du sport pour développer sa carrure d’asperge anémique, et apprendre à maîtriser l’orbe, une sorte de pouvoir psycho-kinétique (enfin, un genre de nuage qui flotte) qui pour le moment ne lui sert, au mieux, qu’à sauver des chatons de la noyade. C’est déjà pas mal, m’enfin pour buter le boss de fin de niveau, pas sûr que ça le fasse. Sans compter que la princesse, là, Samidare, est une espèce d’ado chipie sous amphètes, dont le projet est de sauver le monde, oui, mais pour mieux le détruire. Parce que le monde lui appartient, voyez, et qu’elle ne supporte pas l’idée que quelqu’un d’autre en profite quand elle aura passé l’arme à gauche, ce qui est prévu à plus ou moins brève échéance. Pff, vraiment, chevalier-lézard, c’est un job à la con.

« C’est pas pour me vanter, mais je suis nul à la bagarre ».

Rien que le titre : Lucifer et le marteau en biscuit, franchement. Lucifer c’est Samidare, la princesse secouée du bulbe, ça vous donne une idée de sa moralité. Et dites, un héros qui traîne les pieds, avec des super-pouvoirs tous pourris, puis qui accepte de sauver le monde pour aider son amoureuse à mieux l’anéantir… Vous voyez le tableau? Samidare, c’est en apparence un joyeux portnawak, savant mélange de clichés détournés, d’effets téléphonés (voisine = princesse, ben voyons) et de contrepieds (dès le volume deux, y a un personnage qui… non, je ne vous le dis pas), mais il ne faut pas s’y fier. Sous des allures de shonen déjanté, c’est bien à un seinen que j’ai affaire, et il suffit de gratter un peu sous la surface pour trouver une histoire d’un pessimisme effrayant, dont je me demande où ça va nous mener dans les volumes suivants. C’est un peu « faisons les cons avant la fin du monde », mais les héros forcent trop leur nature (le trop mou et la trop azimutée) pour que ce soit honnête. En réalité, chacun cache une fêlure secrète dont la largeur atteint des proportions abyssales tandis que l’histoire progresse.

« Je n’ai jamais aimé les héros qui se laissent emporter par la fougue de leur interlocuteur dès le début du film ».

D’autre part, Samidare possède une galerie de personnages secondaires tout-à-fait réjouissants. Samidare a une grande sœur, Mademoiselle Asahina, qui est la prof de maths d’Amamiya à la fac (ben voyons, bis), une grande timide au physique de bimbo (elle a des gros arguments). Et puis arrivent bien sûr les rivaux, féminins ou masculins, qui viennent tresser des intrigues amoureuses byzantines qui se résolvent à grands coups de tatanne, mais là non plus, ce n’est pas ce que vous croyez. En fait, vous vous en apercevez, j’ai le plus grand mal à expliquer clairement l’ovni que j’ai entre les mains. Pour vous donner une vague idée, j’ai parfois pensé à FLCL, c’est dire.

« Et dire qu’aujourd’hui je voulais encore écrire R.A.S dans mon agenda. »

Tout ça pour dire que je me suis franchement amusé à la lecture de ce manga qui ne paye pas de mine, surtout au niveau du dessin (parfois schématique), mais qui possède un peps qui fout la banane (grâce à une héroïne hyper charismatique), un humour pince-sans-rire qui tombe souvent juste (j’adore la manière qu’a Amamiya de commenter sans arrêt ce qui lui arrive), et assez de péripéties pour que sa lecture ne s’effectue pas trop vite, à tourner les pages machinalement. Seul mini-bémol, de pure forme, quelques fautes d’accord ça et là… mais vous me connaissez, je ne peux pas m’empêcher d’en trouver. En conclusion Samidare est une excellente surprise, à côté de laquelle je serais sans doute passé si on ne me l’avait pas collé d’office entre les mains, et depuis quelque temps, il n’y avait pas beaucoup de séries de ce genre qui m’avaient fait souhaiter lire la suite, vite, allez, c’est quand la sortie du prochain ? Parce que c’est pas pour dire, mais je suis à la fin du troisième, et déjà, ça commence à sérieusement chauffer ! Et puis, c’est quoi, merde, à la fin, ce marteau en biscuit?

(P.S. Je remercie Ototo pour m’avoir gracieusement remis ce manga en SP.)

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6 Responses to Samidare : le seinen complètement marteau

  1. Mackie says:

    quelqu’un ;-) me souffle que non, « biscuit hammer », n’est pas un marteau EN biscuit, mais que c’est un marteau pour écraser les biscuits. tant pis, je laisse comme ça, c’est plus rigolo.

  2. Rhyvia says:

    Si je devais avoir un tout petit truc à redire, c’est sur cette histoire de pessimisme. S’il y a bien une raison pour laquelle j’adore ce manga, c’est justement parce qu’il ne tombe dans un pessimisme assez facile. Il y a pas mal de moments où l’intrigue pourrait sombre dans du loldark un peu facile, mais elle en franchit jamais le pas.

    Jusqu’au bout, ce propos comme quoi être adulte c’est sourire pour faire comprendre aux plus jeunes que la vie est cool. Et ça, c’est vraiment génial.

    Et si tu veux tout savoir, la suite ne fait que s’améliorer, plus on avance dans l’intrigue, plus l’auteur arrive à sortir des trucs vraiment incroyables.

  3. Plumy says:

    Bon, Mackie je crois que tu m’a presque convaincue d’acheter ce titre. Non parce que je sais qu’il est bon et que je dois l’acheter, mais à chaque fois le dessin me rebute et j’y arrive pas. Mais la t’as sut trouver quelques mots qui me touchent (Et c’est ptêtre le fait que j’ai désormais 3 tomes de dispo qui me fait ça)

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